Dans le cadre de la campagne de promotion du dépistage organisé du cancer du sein (Octobre Rose), nous avons rencontré Frédérique. Cette infirmière de 50 ans, motarde invétérée et mère de famille est malade depuis 5 ans. Le temps d’un appel, elle nous raconte son histoire avec force et résilience.
Un matin Frédérique se réveille et sent une curieuse petite boule dans son sein. L’infirmière de profession s’inquiète. Elle a toujours été prudente. Les mammographies et les palpations, elle connaît. Après une semaine et une série d’examens, le ciel lui tombe sur la tête : « Je suis atteinte du cancer.» lâche Frédérique. Sa tumeur mesure 1,5 centimètres, pas grand-chose disent les médecins. Pour éviter une propagation, elle subit une mammectomie totale. Son sein est remplacé par une prothèse grâce à une reconstruction mammaire effectuée dans la foulée. Les analyses s’avèrent alors positives. Rassurée, elle pense donc être guérie. Elle souhaite retrouver une vie normale rapidement. Mais quelques mois plus tard, l’histoire de Frédérique prend une tournure tragique. Une autre série d’examens révèle que son cancer a métastasé. Une grande partie de son corps est désormais parsemée de cellules cancéreuses qui se répandent de plus en plus. Des 70% de patientes qui en guérissent sans problème, elle passe aux 30% qui sont susceptibles d’en mourir. Les traitements se succèdent pendant des mois, puis des années. En vain.
« Aujourd’hui, aucun traitement n’est efficace. Je ne peux pas être soignée. J’ai juste une chimiothérapie palliative pour tenter de récupérer une partie de mon foie et éviter de trop souffrir ». Frédérique parvient à en parler sans flancher. Femme forte au mental d’acier, elle refuse de baisser les bras : « Dans ce genre de situation, soit tu réagis soit tu meurs. J’ai décidé de réagir. Grâce au cancer, je vis ma véritable vie. »
Conditionnée à travailler, à gagner de l’argent et à réussir, la maladie lui a ouvert les yeux sur ce qui compte vraiment. Quand le temps est compté, la vie n’a plus la même dimension: « On ose plus, on hésite moins et on vit plus fort ». La motarde continue d’avaler le bitume, accompagnée de sa bande d’amis et de son mari. Elle gravit les montagnes, voyage, fait du sport et s’est même mariée en août dernier. L’énergie dans sa voix fait écho à son récit. Sa combativité et sa volonté de vivre sont palpables. A l’entendre, on ne se doute pas de ce qui la ronge. Car ce que Frédérique refuse par-dessus tout, c’est d’être un frein pour sa famille. Lorsque les moments de faiblesse surgissent, il est impensable que le monde s’arrête pour elle. La vie doit continuer et elle incite ses proches à faire de même. Étonnamment, elle remercierait presque la maladie d’avoir apporté la paix au sein de sa tribu. « Grâce à cette épreuve, j’ai renoué avec des membres de ma famille à qui je ne parlais plus. J’ai également retrouvé mon mari avec qui c’était compliqué. J’ai changé mon éducation par rapport à mon fils. Je le ménage et je lui apprends tout, pour être sûre qu’il puisse se débrouiller si je ne suis plus là. »
Cette hargne Frédérique, la tire de l’amour de ses proches et de son caractère bien trempé. Elle a également effectué un long travail sur sa spiritualité. Apprendre à écouter son corps et son esprit lui a permis de se recentrer sur elle-même. Sa foi la pousse toujours plus loin et lui permet de croire en l’avenir malgré tout. Le cœur sur la main, elle exprime le besoin de venir en aide aux gens.« Je sais que ma mission n’est pas terminée et la vie doit continuer ». Son sourire est perceptible à travers le combiné.
I.B