Sébastien Porquet est le petit nouveau de la place Richelme depuis lundi 4 mars.
“Vous voulez goûter mon pain? Il est bio et il est vraiment bon! Avec lui, vos tartines ne seront plus les mêmes!”. Une voix chantante, et un sourire chaleureux : voici le nouveau visage du marché de la place Richelme.
Situé au centre de la placette, le stand de Sébastien Porquet attire les regards. Entre les morceaux de pain présentés sur deux grandes tables, des affiches “Agriculture Biologique” occupent le reste de l’espace. Sous son petit parasol blanc, Sébastien s’empare doucement de ses nouvelles terres.
A l’âge de 41 ans, le forain a une grande expérience dans les marchés d’Aix-en-Provence. Mais depuis lundi, sa carrière prend un tournant: “j’ai fait le choix de ne plus travailler à mon propre compte. J’ai préféré m’investir pour une boulangerie, bio parce que je suis certain que ses produits ont leur place ici ”.
Un premier client l’interrompt et le complimente: “ vous faites le meilleur pain d’Aix-en-Provence. Je pense que je suis votre client le plus fidèle!”. A peine le temps de quelques formules de politesse qu’une file se déploie devant le stand. Les yeux rivés sur les gros pains dorés, la clientèle semble conquise. En bon commerçant, il n’hésite pas à conseiller son auditoire: “on pense souvent qu’il faut couper les gros pains avec des couteaux à dents, mais moi je pense que les couteaux lisses sont bien plus efficaces”. “Mince, demain je pré-découperai beaucoup plus de pains” marmonne-t-il une fois le dernier client parti.
C’est donc sous le statut de salarié que Sébastien conquiert désormais les marchés. Il nous explique avoir déniché “le bon plan”. “J’ai un patron, je ne fais pas de comptabilité, j’ai un salaire fixe et un produit qui marche”.
Et pour cause, Sébastien connaît bien les ficelles du métier. Le marché d’Aix-en-Provence et lui c’est une histoire d’amour de 10 années. “J’ai vu les bons côtés mais aussi les mauvais” confie-t-il avec pudeur.
L’exploration des antres du métier
“Rien ne me prédestinait à ce métier. Mes parents m’ont donné le goût du voyage, donc après le bac je suis parti”. Il se convertit alors en conquistador et quitte Aix-en-Provence. Les terres malgaches et indiennes n’ont plus aucun secret pour le quadragénaire. Lorsqu’il rentre en France, il s’en inspire pour monter son business: “c’est un peu une suite logique en fait. Beaucoup de voyageurs font des marchés l’été pour sillonner le monde l’hiver”.
Très vite, il importe divers bijoux confectionnés à l’étranger, et les revend sur le marché du Cours Mirabeau. Il agrandit son projet, et y ajoute des écharpes en soie. L’artisanat devient alors une passion.
“Mais les marchés, ça ne fonctionne pas tout le temps…” Il faut peu de temps à Sébastien pour découvrir la difficulté du métier. “On se lève le matin, on ne vend rien. C’est une triste impression de perdre du temps et de l’argent.” Les bijoux ne parviennent pas à susciter l’intérêt de la clientèle. Un brin d’amertume dans la voix, Sébastien se ressaisit pour répondre aux nouveaux clients.
Après avoir découvert l’envers du décor, le forain se bat pour ne pas abandonner. Il ne baisse pas les bras, et reprend les études à 39 ans afin d’acquérir une licence 3 d’anglais. C’est avec cette même détermination que cet amoureux de la liberté finit par renoncer au statut classique de forain. Mais le vadrouilleur ne perd pas pour autant ses rêves de vue : il prévoit déjà de parcourir de nouvelles contrées à la première occasion.
Suzanne Prez