Entre agriculture, rugby et chasse, Pierre Portes est un quadragénaire débordé et passionné.
Mazères, un dimanche après-midi. On retrouve Pierre Portes sur les bords du terrain de rugby de la commune ariégeoise. Cet homme, à la carrure de rugbyman bien prononcée, est avant tout un agriculteur céréalier. Et un forain.
Survêtement de sport, sifflet à la bouche et bouteille d’eau à la main, Pierre Portes présente toutes les caractéristiques du parfait sportif. Le forain tente de nous expliquer comment il est parvenu à exercer le métier d’agriculteur. Et la réponse est plutôt simple: les fêtes de village et le rugby l’ont conduit à interrompre ses études de pisciculture, au lycée agricole de Pamiers. Il dit avoir eu de la chance d’hériter des terres et du matériel agricole de son grand-père. À son décès, il a pris sa succession. Depuis le premier janvier 1999, il possède donc 220 hectares de terrain agricole.
Pierre Portes aime le contact avec les autres. À un certain moment, l’agriculteur a donc éprouvé le besoin d’aller vendre ses produits directement aux consommateurs. « C’est sûrement mon passé de rugbyman. J’étais pilier, j’ai toujours aimé être dans la mêlée. Dans mon métier, je cherchais aussi le contact. C’est un plaisir de vendre directement le fruit de son labeur. »
Chaque semaine, le mardi et le jeudi, il troque son habit de sport contre une tenue plus adaptée à son métier: vêtements salissants et bottes en caoutchouc. Et le voilà parti vendre ses céréales sur les marchés des villages voisins de Mazères. Le rugbyman de 42 ans est particulièrement attaché à sa commune.
Financièrement c’est parfois compliqué, dans la mesure où la vente de céréales est très variable. Mentalement c’est tout aussi difficile à certaines périodes de l’année. « Les aléas climatiques, la grêle et des pluies trop abondantes détruisent parfois une grande partie des exploitations. Psychologiquement, c’est particulièrement dur à gérer ».
Il n’en reste pas moins que le forain semble épanoui, et il ne se prive pas de le dire. Il est son propre patron, et cette liberté demeure un avantage considérable pour lui. « Je fais mes propre choix, j’ai mes propres horaires et une certaine souplesse dans l’emploi du temps. Pour moi, ça n’a pas de prix. »
Ce n’est pas seulement sa carrure imposante qui laisse penser que cet agriculteur céréalier n’est pas un forain comme les autres. Pierre Portes s’autorise plusieurs activités à côté de l’agriculture. « Même si ce métier exige d’être disponible tous les jours, je considère que j’ai besoin de sortir de mes champs. Ça fait du bien au moral. » Le quadragénaire part donc chasser à ses heures perdues. Surtout, il est propriétaire du club de rugby de son village. Le Rugby Club Mazères, c’est son oeuvre. Il l’a mis sur pied il y a quatre ans avec l’un de ses amis d’enfance, Hugues Mayoral.
Ce sport collectif est une passion pour l’agriculteur. La toute nouvelle équipe à XV a même réussi à atteindre la finale de championnat de France en deuxième série, il y a deux ans.
Et Pierre Portes en est particulièrement fier.
Lucie Mayoral