Le samedi 30 mars, Aurélie Brihmat a entamé un tour de France à cheval au départ du cours Mirabeau, à Aix-en-Provence. La jeune cavalière, amputée d’une jambe suite à un accident 16 ans plus tôt, concrétise son plus grand projet. De 14 heures 30 à 17 heures, l’allée ne désemplit pas. Ils étaient nombreux à saluer son courage.
« On va partir pour six mois et 4000 kilomètres, à raison de 25 par jour pour respecter le rythme de nos chevaux. On sera accueillis par 22 centres de rééducation pour partager notre message d’espoir et redonner le sourire, le « handismile », à ceux qui en ont besoin ! ». Le bonheur et la fierté se lisent sur le visage d’Aurélie à quelques heures du départ. La foule assiste à l’aboutissement de plusieurs années de préparation de la part de la jeune cavalière et son association, Handidream. L’aventure humaine et sportive pensée par la jeune battante est rapidement devenue un projet collectif : celui de sa famille, très investie. Son père, lui aussi cavalier, la suivra sur les routes de France. « Mon papa, c’est mon premier soutien, il n’est jamais loin et je suis heureuse qu’il m’accompagne ! » confie-t-elle avant de le prendre à partie avec complicité « Mais je te préviens je ne sellerai pas ton cheval tous les jours ! ». Ce projet elle le partage aussi avec ses nombreux partenaires, tous présents sur le cours. Ils ont rendu ce voyage possible.
La préparation de deux athlètes
Aurélie a tenu à présenter et remercier les partenaires ayant participé de près ou de loin à la réalisation de ce tour de France. L’épopée s’avère être une véritable performance physique, aussi bien pour les cavaliers que pour leurs montures. « Il a fallu des ajustements sur tous mes équipements, notamment sur ma selle. L’arçon a été creusé pour épouser la forme de mon bassin, et me permettre de tenir des journées entières à cheval sans aucune gêne. ». Un travail d’orfèvre mené par la sellerie Gaston Mercier. La cavalière remercie également les prothésistes qui, très tôt, lui ont fabriqué une prothèse parfaitement adaptée pour monter à cheval. Booboo, son cheval palomino, a lui aussi profité d’une préparation trois étoiles. Maréchal-ferrant, ostéopathe, un examen complet pour placer l’équidé dans les meilleurs conditions possible avant les 4000 kilomètres. Le kinésiologue Nicolas Hervouet a suivi Booboo : « C’est une préparation physique pour les muscles et l’équilibre du cheval mais aussi psychologique, l’animal doit être enclin à une telle aventure. ». Handidream salue également le soutien de la Fédération Française d’Équitation, de l’enseigne d’équitation PADD ou encore de l’association « Maison du cheval Camargue ».
« C’est un pied de nez à la vie »
Si Aurélie traverse la France et les centres de rééducation, elle le fait à des fins qui dépassent l’ambition personnelle. « Même avec un handicap il faut aller au bout de ses rêves, beaucoup de choses sont encore possibles. Il faut s’accrocher à tout ce qu’on a et non à ce qu’on a perdu ! » assure-t-elle. Avant qu’elle ne parte à la rencontre des Français, de nombreux Aixois sont venus assister à son départ. L’adjudant Impines a fait le déplacement. Ce sapeur-pompier était le premier à intervenir lors de l’accident d’Aurélie. « Quand il m’a récupérée on ne savait même pas si je pourrais remarcher un jour, et là, 16 ans plus tard il m’escorte sur le cours pour le départ. C’est un joli pied de nez à la vie ! » explique la jeune femme, émue. Dans le cortège, avanceront également deux chevaux de la Garde républicaine, plus qu’un honneur pour la cavalière passionnée.
A 17 heures, le top départ est lancé ! Aurélie met le pied à l’étrier. Son chien, Spy, grimpe sur la croupe de Booboo. Son papa, la Garde et le camion de pompiers la suivent de près. La foule s’écarte pour les laisser passer. C’est une descente pleine d’émotions. Le frère et le compagnon d’Aurélie lui adressent quelques mots avant de la laisser filer sur son cheval. Son papa, après quelques mètres lâche fièrement : « C’est une battante, elle est allée jusqu’au bout ! ».
Le parcours d’Aurélie est partagé en direct sur Handidream.com, pour ceux qui voudraient la croiser ou faire un bout de chemin et répandre le « handismile » avec elle.
Cécile Vassas