Mercredi 6 mars la salle Colbert du Palais Bourbon accueillait des délégations de femmes et d’hommes issus de quartiers prioritaires français. Saïd Ahamada, Mohamed Laqhila et Hubert Julien-Laferrière, députés La République En Marche, ont en effet décidé de donner la parole à une frange de la population peu audible dans ce Grand Débat National. Aix-en-Provence et le quartier du Jas de Bouffan étaient représentés par Houria Hannachi, présidente de l’association habitante « Jas en couleurs » et membre du conseil citoyen. A ses côtés, Djamal Achour, président-fondateur du média associatif Anonymal et Lila Pujol, qui milite depuis des années pour un meilleur accès au soutien scolaire dans le quartier.
Dans cet hémicycle, habituellement réservé aux réunions de la majorité, les participants se sont livrés à un travail de réflexion collective autour d’une thématique générale : « les banlieues ont leurs maux à dire ». L’emploi, l’éducation, la culture, la mixité sociale ou encore les discriminations, aucun aspect de la vie des quartiers n’a été oublié. A mesure que le débat avançait, les prises de paroles se sont faites de plus en plus crues. Les bras se soulevaient de toute part pour essayer d’obtenir quelques précieuses minutes de parole. Un échange néanmoins constructif puisque, si les invités avaient au préalable transmis leurs propositions via un formulaire en ligne, d’autres ont pu être formulées au cours du débat. Ce fut notamment le cas de l’inscription dans les textes de loi de l’Islamophobie.
« Gilets Jaunes, nous le sommes depuis la naissance »
Au-delà des propositions, c’est un témoignage sans filtre que sont venus livrés les diverses délégations à leurs députés. « Gilets Jaunes, nous le sommes depuis la naissance » clamait haut et fort Houria pour rappeler que le mal être social des quartiers est bien antérieur au vent de manifestation qui traverse la France actuellement. Pour certains, les Gilets Jaunes mènent un combat que les habitants de banlieue ont initié il y a bien longtemps. Ce combat, c’est celui contre la misère et un système politique qui peine à les entendre. « 1h30 pour les banlieues françaises, c’est court », ironise Farouk, humoriste lyonnais. Derrière cette ironie se cache une réelle fracture sociale, qui ne se refermera pas avec ce grand débat, mais il s’agit d’un premier pas.
Robin Spiquel