A l’approche de la soixantaine, Mireille et Jacques arpentent le Cours Mirabeau pour vendre leurs lots de pulls en cachemire.
Au milieu du Cours, artère marchande du textile, on trouve un stand pas tout à fait comme les autres. Il présente un seul produit, bien particulier : le pull en cachemire. Et la qualité n’est pas des moindres : contrairement à ceux que l’on peut trouver dans les chaînes de prêt à porter, ils sont fabriqués en Italie. Les modèles sont uniquement féminins. Il y a des pulls, des gilets, mais aussi des écharpes. Le tout forme un étal très coloré : vert, bleu violet, rose, rouge, jaune… Il y en a pour tous les goûts. Les pulls sont exposés, bien emballés sur l’étalage. Des bustes de mannequins mettent en valeur certains modèles.
L’air fatigué, les traits tirés, Mireille prend soin de ses pulls, qu’elle range avec attention. Vêtue d’une doudoune et d’un jean, un bonnet sur la tête, cette petite femme blonde et déterminée a toujours exercé son métier avec passion et envie. Jacques, son mari, réapprovisionne le stand avec les articles restés dans sa camionnette. Assez grand et costaud, il porte une grande veste en peau marron. Avec son béret couvrant un crane dégarni, l’homme fait de son mieux pour rendre son stand le plus attractif possible. En ce matin de mars, la foule ne se presse pas sur le marché aixois, en particulier devant leur stand. Il faut alors redoubler d’efforts pour le couple : ils tentent de le rendre plus « chic » avec son rangement et son décor. « Le cachemire est un produit assez haut de gamme, avec la crise, ce n’est pas la priorité des gens, surtout à la fin de l’hiver » déclare Mireille. Cependant ils arrivent tout de même à maintenir une clientèle régulière sur la saison. Les produits étant relativement chers pour un marché (entre cinquante et quatre vingt euros), ils peuvent se permettre de ne pas en vendre des masses. Le plus gros de leur chiffre se fait en automne, entre septembre et décembre. « Les femmes aiment le cachemire. Pour noël, c’est un beau cadeau. En cette période, cela attire moins ». Le printemps venu, le couple vend des vêtements plus légers, mais toujours d’une belle qualité.
Le marché aixois, ils le connaissent bien. Depuis près de vingt ans, ils sont présents sur les stands de la ville trois fois par semaine. Au début, ils vendaient diverses sortes de pulls, mais depuis une dizaine d’années le cachemire devient « tendance » : chaud, doux, et noble, il attire une clientèle huppée mais aussi plus modeste. Avec cinquante euros en poche, on peut s’offrir un de leurs pulls. Ils se sont donc spécialisés dans cette matière. « Nous, c’est pas du made in China », clame Mireille, fière de la qualité des pièces qu’elle vend. Ils se fournissent directement auprès d’un fabriquant italien, ce qui leur permet des coûts modérés.
Le vendredi et le dimanche, ils sont également présents sur le marché de Gardanne. Cela leur assure une activité continue et des revenus corrects. « On n’est pas à plaindre, certains de nos collègues ont beaucoup de difficultés. Même si la fréquentation baisse, on arrive encore à s’en sortir », nous confie Jacques.
Thibault Franceschet