Début octobre et pour sa 27ème édition, la Fiesta des suds hébergeait sur l’esplanade du J4 une fête aux accents particuliers. En parallèle des concerts, les festivaliers pouvaient obtenir gratuitement des casques sans-fil pour faire la fête dans le silence.
Une demi-heure avant le début de la fête, il y a déjà foule devant le stand de la « Silent Party ». Le gros conteneur abritant le petit millier de casque est pris d’assaut par les curieux et les habitués. Malgré l’affluence, les sceptiques sont nombreux dans la queue, mais la curiosité reste de mise : « On est à un concert, c’est pour être avec des gens, pour partager, on va essayer, mais sur le papier cela ne me convainc pas », confient Lola et Edouard, un jeune couple venu de Lyon pour le week-end.
En effet, le concept a de quoi étonner. Une énorme piste de danse sur laquelle se déhanchent des centaines de danseurs dans un silence quasi monacal. Chacun est équipé d’un casque recevant trois fréquences, mixées par un DJ différent. Autant de pistes représentées par des couleurs sur les casques qui luisent dans la nuit. Verte pour les rythmes latinos et bleue pour le funk. Le rouge oscille entre house et techno. La scène à de quoi surprendre. On n’entend rien d’autre que le lointain son des autres concerts et le bruit des centaines de chaussures qui frappent le gravier de l’esplanade du J4.
« Silent Native », l’entreprise qui organise la soirée est bien implantée dans la région, comme l’explique Colombine Koch, coordinatrice de l’événement: « On organise une fête par mois environ, et toujours avec un bon millier de participants. Le concept nous permet d’investir des lieux qui ne disposent pas de sonorisation, ou bien qui sont ne sont pas aptes à héberger des soirées car trop proches d’habitations ». Lorsqu’on lui rapporte les propos entendus dans la file d’attente, Colombine Koch balaye les arguments d’un revers de la main : « Je ne pense pas que cela éloigne les gens. Au contraire, la couleur que prennent les casques permet de signifier quelle musique on écoute, et donc de communiquer par les gestes ».
C’est le sentiment qui prévaut parmi les danseurs lorsque la Silent Party prend fin, aux alentours de 23 heures : « On a pu danser avec des gens qu’on ne connaissait pas. Il n’y a pas de barrières dans la communication, puisqu’il suffit d’enlever son casque pour pouvoir parler à son voisin », raconte Lison, qui vient de terminer sa première Silent Party. Un événement couronné de succès : tout le monde n’a pas pu y participer. Martine aurait bien aimé essayer, « mais la queue était beaucoup trop longue pour obtenir un casque. Je retenterai ma chance demain !»
Simon Adolf