Depuis qu’internet a envahi la vie des gens, la vente de livres s’est essoufflée. Pourtant, les librairies survivent dans le centre ville d’Aix-en-Provence, pour le bonheur des locaux comme des vacanciers.
« On est parmi les derniers commerces aixois des années 80, beaucoup ont disparu » révèle l’air grave Jean-Paul Marino, propriétaire de Rue des Bouquinistes Obscurs. La librairie au nom inspiré du titre d’un livre de Patrick Modiano, Rue des Boutiques obscures, existe en effet depuis le 2 janvier 1987. Après plus de 30 ans d’existence, le passionné de livres a vu beaucoup de monde défiler entre ses étagères remplies d’essais, de polars, de BD, ou de vinyles. S’il constate que le nombre de clients a un peu baissé depuis l’avènement du numérique, il ne se décourage pas pour autant. « On attire tout le monde, même les jeunes, ce qui est assez surprenant d’ailleurs! Il y en a qui viennent puis qui reviennent en groupe car ça leur plait » souligne-t-il assez fièrement. De plus, grâce à la notoriété acquise par son magasin, celui-ci est devenu partie intégrante du « circuit urbain de nombreuses personnes ».
Le constat est le même pour Anne Sauvage, employée dans la librairie Book in bar ouverte depuis 2001: « même si on se bat tous les jours contre Amazon, on a beaucoup d’habitués voire même de touristes qui viennent car on a réussi à se démarquer! ». La librairie est en effet atypique puisqu’en plus de proposer des livres en français, elle dispose d’une très large sélection d’ouvrages en anglais, en chinois, en italien, et en bien d’autres langues. S’il y avait une vraie demande de livres anglophones, les libraires ont ensuite souhaité développer leur rayon dans d’autres langues. Toutefois ce n’est pas la seule particularité de la librairie qui propose également de s’installer, avec ou sans livre, pour y déguster un large panel de boissons et de pâtisseries maisons. « Les gens peuvent venir avec leur livre, les acheter sur place ou simplement s’installer sans lire. Le but premier était vraiment de faire librairie et bar » déclare Anne Sauvage, entre une commande en anglais et une en italien.
Les livres papiers toujours préférés aux livres numériques
Si 91% des Français se déclarent lecteurs à des degrés divers (d’un livre lu à plus de cinquante par an), selon le Centre national du livre, et si 343 millions de livres papiers ont été achetés en 2017 contre seulement 13,2 millions de livres numériques, selon une étude de l’institut GfK, les Aixois ne semblent pas faire exception à ces chiffres.
Anaïs Jourdan, étudiante dans la ville aux mille fontaines, indique effectivement souvent venir à Book in bar, avec ou sans ses amis, pour acheter des livres: « il y a beaucoup de choix et l’ambiance est particulière. Je préfère lire un vrai livre qu’une version numérique, le rapport n’est vraiment pas le même. » Caroline Diaz, Mexicaine en vacances à Aix-en-Provence la rejoint sur ce point. « Je ne m’ennuie jamais d’un bon livre, contrairement à être sur mon téléphone ou mon ordinateur, j’aime pouvoir changer de pages » témoigne-t-elle.
Malgré la menace du numérique, il semblerait que ce ne soit pas la fin de l’histoire pour les commerçants de livres aixois.
Salomé Moisson