Mardi 13 février à Sciences Po Aix, s’est tenue la conférence « Dans les coulisses des élections », dont l’invité était Mathieu Hanotin, ancien directeur de campagne de Benoît Hamon. A cette occasion, il est revenu sur le rôle du communicant lors d’une élection présidentielle.
Après avoir brièvement évoqué son parcours, l’homme politique de 39 ans, aujourd’hui conseiller départemental en Seine-Saint-Denis, a présenté son rôle pendant la primaire et la campagne de la présidentielle; un rôle susceptible de varier en fonction des enjeux. Il a tout d’abord tenu à préciser que, selon lui, le métier de communicant politique n’existe pas : « si les communicants font des incursions en politique, ils ne s’y restreignent pas ».
Sur le plan stratégique, Hanotin a ainsi expliqué que les primaires se gagnent dans la capacité à mobiliser un potentiel électoral. En effet, comme un candidat n’a pas le temps de convaincre de nouveaux électeurs par ses idées, il doit mobiliser ceux qui le sont déjà. Or, Benoît Hamon a proposé un programme très novateur (revenu universel et engagement pour l’écologie). Il a ainsi été élu de justesse devant Manuel Valls. Si Hanotin ajoute que ses idées n’ont pas eu le temps de convaincre lors de la campagne, (en témoigne son score au 1er tour), il rappelle qu’aujourd’hui Hamon est considéré dans les sondages comme la figure majeure de la gauche avec Jean-Luc Mélenchon.
Le communicant a ensuite expliqué en quoi consistait plus concrètement son rôle lors de la campagne. Des publications sur les réseaux sociaux en passant par l’organisation d’événements, jusqu’au travail de fond avec les experts, le communicant était sur tous les fronts.
Pour finir, Hanotin a rappelé que son rôle lors de la campagne présidentielle a changé du tout au tout. Au niveau du budget, le montant de 300 000 euros lors de la primaire, s’est alors élevé à 15 millions d’euros. Par ailleurs, le candidat socialiste, crédité de 18%, talonnait Macron de deux points. Dans ce contexte, le PS avait toutes ses chances de l’emporter. Cependant, avec trois mois pour convaincre, l’équipe de communication aurait dû être ultra réactive, et mettre en place une stratégie immédiatement, ce qui n’a pas été le cas. De plus, Hanotin a reconnu que le parti a commis une erreur le soir de la victoire de Hamon aux primaires. Il s’était en effet engagé à appeler Mélenchon … et il n’a pas respecté sa promesse! Le candidat insoumis n’a alors cessé de décrédibiliser son rival par des répliques assassines, en qualifiant notamment le PS de « corbillard socialiste » lors d’une interview face à de nombreux téléspectateurs. Mais l’erreur fatale a sans doute été la prestation de Hamon lors du débat de l’entre-deux-tours. Le communicant a reconnu que le candidat attendait qu’on lui donne la parole pour intervenir. « Hamon s’était préparé comme un bon élève, avec beaucoup de fiches. Il était trop scolaire, ça résume bien le problème » a-t-il ajouté. Selon lui, le candidat a donc été perçu comme étant en retrait lors de ce débat. Or, dans cette arène politique, la bonne stratégie était l’offensive. On comprend ainsi mieux le score catastrophique de Hamon, grand perdant de ce premier tour.
Hélène ANDOLFATTO