Vue d’avion sur Whitsundays Islands V.S

Chaque année, des milliers de jeunes Français mettent leurs études entre parenthèses pour partir travailler en Australie. Le working holiday visa leur permet de gagner de l’argent, d’améliorer leur anglais et de vivre loin de la France pendant plusieurs mois. Ce qui n’était qu’un phénomène marginal il y a dix ans est devenu un véritable mouvement générationnel.

Adieu métro boulot dodo, bonjour l’autre bout du monde. L’Australie incarne un compromis rare entre aventure et sécurité. Le pays offre l’un des salaires minimums les plus élevés du monde : 23 dollars australiens de l’heure, soit environ 14 € (contre 9,23 euros net pour le smic horaire en France ) « Je pars un an pour travailler un maximum, économiser, et ouvrir un bar à Toulouse avec un ami », explique Gustave, 24 ans, étudiant en management sportif installé à Sydney.

Sur place, les secteurs occupés n’ont pourtant rien de paradisiaque : hostellerie restauration, ranchs, manutention, mines ou écurie de chevaux. « Les horaires étaient de 3 h 30 à 10 h puis de 13 h à 17 h. Il faisait très chaud, le travail était physique et parfois dangereux, surtout avec les jeunes chevaux pleins d’énergie. Les conditions de vie dépendaient beaucoup du patron : à Cranbourne, c’était super, avec une équipe géniale. À Rockhampton, l’ambiance était inverse… J’ai fini par partir à cause des colères répétées du patron », raconte Éléonore, 22 ans, étudiante en école de commerce à Lille.

Loin du cliché surf-coucher de soleil, l’Australie a ses revers : coût de la vie très élevé, loyers dépassant 1 000 € par mois à Sydney, isolement géographique à 17 000 km de la France et dix heures de décalage horaire. Beaucoup enchaînent les petits boulots, vivent en auberge ou en colocation. S’ajoute une réalité peu anticipée : la fiscalité australienne. Les titulaires du PVT sont considérés comme non-résidents fiscaux : 15 % d’impôts prélevés dès le premier dollar gagné, sans seuil de franchise. En fin de séjour, nombreux sont ceux qui tentent de récupérer une partie de cette somme via un tax return, une procédure administrative complexe. Par ailleurs, une part du salaire est retenue au titre de la superannuation (retraite australienne), récupérable au départ mais fortement taxée, jusqu’à 65 %.

Photo de Eleonore Poirier, étudiante qui a travaillé dans les ranchs

L’Australie : une parenthèse professionnalisante

Ces mois passés en Australie sont souvent vécus comme une transition, une manière de « sortir du cadre » avant de reprendre ses études. De plus en plus d’écoles et d’universités reconnaissent officiellement l’année de césure à l’étranger. Cette expérience valorise un CV : autonomie, débrouillardise, anglais, capacité d’adaptation. « J’avais envie de faire une pause dans mes études, de découvrir une culture différente, un pays à l’opposé du nôtre, avec des saisons inversées. Je voulais casser ma routine tout en gagnant un peu d’argent et en améliorant mon anglais », confie Éléonore. Quant à Manon, 23 ans, étudiante en gemmologie, elle est partie une première fois en Australie pendant huit mois. De retour en France, elle n’est restée que six mois avant de décider de repartir, cette fois pour Melbourne. Elle y est retournée et y vit toujours aujourd’hui, poursuivant son rêve australien. 

 

Selon le ministère australien de l’immigration, entre 30 000 et 40 000 Français obtiennent chaque année un Visa Vacances-Travail (VVT). Ce permis leur offre la possibilité de rester un an dans le pays tout en travaillant légalement. La majorité de ces départs concerne des jeunes de 18 à 35 ans, souvent en année de césure, à la fin d’une licence ou entre deux cycles d’études. Le renouvellement pour une 2ème année de VVT est conditionné à l’exercice d’une activité professionnelle, lors de la première année d’un minimum de trois mois (88 jours ) dans des secteurs particuliers (la culture ou l’élevage, l’aquaculture, la perliculture ou l’abattage d’arbres, les mines et le bâtiment) et des zones géographiques déterminées par les autorités australiennes. Cette politique vise à soutenir des industries tout en attirant les touristes. Si vous ne réalisez pas ces 88 jours de travail spécifique, votre demande de VVT pour une deuxième année sera refusée. Seule possibilité restante : demander un visa étudiant en vous inscrivant à une formation. Sinon, le visa touristique peut être une option pour rester quelques mois de plus en Australie ( 3 mois au maximum ) mais sans pouvoir travailler légalement.

 

Emma Peres

Photo de Eleonore Poirier avec un kangourou