Les championnats d’Europe de judo se sont déroulés du vendredi 2 au dimanche 4 novembre à Montpellier. Plus de 400 athlètes venus de toute l’Europe se sont affrontés dans l’enceinte de l’Arena de Montpellier pour décrocher le titre. Un début sur les chapeaux de roues pour l’équipe de France qui a vu sur le podium six de ses septs premiers représentants. Détail majeur, aucun athlète provençal n’a été sélectionné pour ces joutes européennes. Un problème alarmant pour le judo occitan pourtant connu pour être le terreau du haut niveau.

Shirine Boukli, formée dans le Gard (34), combattante en -48kg a été médaillée pour la troisième fois aux « Europes ». La championne réitère l’exploit à domicile. L’ambiance martiale était à son comble ce week-end. L’Arena de Montpellier accueillait les meilleurs combattants français. Stupéfiant mais vrai, presque aucun Provençal n’a été sélectionné. Question inquiétante, pourquoi y’a-t-il si peu de judokas locaux sur ces joutes internationales ?  

L’absence de Marseillais, Niçois, Toulonnais provient du fait que la majorité des athlètes sont pensionnaires des « écuries » parisiennes. À Paris, les athlètes reçoivent plus d’accompagnement, d’opposition et de rémunération. Rester dans le sud ou s’aguerrir dans la capitale ?  Le choix est vite fait pour les athlètes de Province. D’après Eddy Harent, 28e Français et athlète en moins de 66 kilos, “Cela est dû à l’absence d’une grande structure de performance dans le sud de la France, dont l’encadrement serait similaire à celui de l’INSEP. Selon moi, aller à Paris en quittant sa famille, ses habitudes et ses repères dans le sud, peut être très compliqué pour les athlètes. Certains n’arrivent pas à franchir le cap« .

Ces championnats d’Europe ont été l’occasion de constater le décalage entre les athlètes français issus d’Ile-de-France et ceux du Languedoc. Ces dernières années, des athlètes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont pu se démarquer : Blandine Pont ou Orlando Cazorla, anciennement licenciés à l’OM judo avant d’intégrer l’INSEP. Ces derniers, sont membres de l’équipe de France mais n’ont pas été sélectionnés pour cette édition 2023.  Selon Orlando Cazorla, membre de l’équipe de France sénior dans la catégorie des -73 kilos, l’absence de « sudistes » est évidente. « C’est dû à un coût élevé de la vie à Paris. Le fait de monter à l’INSEP pour les Provençaux implique beaucoup de sacrifices. Cela est peut-être dû également à un manque d’envie tout simplement ». 

Un bilan positif pour nos Français 

Pour autant, les Tricolores n’ont pas manqué leur départ. Sur les sept judokas alignés au premier jour du tournoi, six ont disputé un combat pour une médaille. La première d’entre elles, Shirine Boukli, a notamment remporté un troisième titre de championne d’Europe des moins de 48 kg. Dans la foulée, Luka Mkheidze a obtenu son premier grand titre chez les moins de 60 kg. De son côté, Amandine Buchard a conquis l’or des moins de 52 kg. Ces 3 champions d’Europe ont en commun d’être licenciés dans les clubs parisiens. Flam 91, PSG judo ou encore Sucy judo, ces clubs sont très souvent représentés lors des compétitions. Si la création de l’OM judo avait pour objectif de pallier ces difficultés en gardant ses athlètes, le projet avait bien débuté, mais s’est essoufflé avec le temps. À voir ce que l’avenir du judo provençal réserve.

Massyl BENELHADJ