Le Parti socialiste a voté mi-octobre la suspension de sa participation à la Nupes, quelques jours après que le Parti communiste a appelé à un « nouveau type d’union » de la gauche. L’aboutissement de longs mois de vexations et de divergences.
De l’affaire Quatennens aux attaques terroristes du Hamas, en passant par la réforme des retraites et les émeutes à la suite de la mort de Nahel, l’ombre de Jean-Luc Mélenchon apparaît comme un facteur de divisions. A côté de ces sujets, vecteurs de désaccords, on peut ajouter les multiples déclarations de certains cadres de la France insoumise, prises unilatéralement.
Plus d’un an après sa création : peut-on déjà dire « feu la Nupes » ?
Les déclarations se sont multipliées ces dernières semaines depuis l’attaque terroriste du Hamas sur Israël. En effet, à gauche, les divisions sont nombreuses à ce sujet. D’un côté ceux qui qualifient le mouvement palestinien de terroriste et, de l’autre, ceux qui jouent avec les mots et considèrent cette attaque comme une résistance palestinienne.
La Nupes a donc volé en éclats. Socialistes et communistes ont pris leurs distances avec la position de la direction de la France Insoumise, qui refuse obstinément de qualifier de « terroriste » le Hamas, auteur du massacre de près de 1 400 civils, femmes, enfants et personnes âgées. Une députée insoumise proche de Jean-Luc Mélenchon, Danièle Obono, a même érigé le Hamas en « mouvement de résistance ».
Jean-Luc Mélenchon a renchéri dimanche 22 octobre : il a ouvertement accusé la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, en visite en Israël, de « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre » de Palestiniens. La Présidente de l’Assemblée nationale vient notamment de porter plainte car elle croule sous les menaces antisémites anonymes, notamment de décapitation. Aujourd’hui, les autres groupes parlementaires vont donc converger pour afficher leur solidarité à Israël et défendre le droit de l’État hébreu d’assurer sa sécurité, « dans le respect du droit international ». Une position ensuite défendue par Emmanuel Macron en déplacement au Proche-Orient. Les Insoumis devraient faire bande à part, fidèles à la volonté de Jean-Luc Mélenchon d’attiser les tensions dans le débat public.
Du côté des militants, les avis sont partagés. Pour Léa (dont le prénom a été modifié), militante de La France insoumise, « ces déclarations sur le conflit Israélo-palestinien sont immondes et le Hamas mérite d’être qualifié de mouvement terroriste. J’ai été dégoûtée de voir les propos de Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono sur X ». Pour cette activiste, il y a donc une volonté de la part des cadres du parti de ne pas vouloir se fâcher avec une partie de leur électorat. Mais ce n’est pas l’avis de tous les militants. « Il faut que les médias arrêtent de taper sur La France insoumise et d’interpréter les déclarations comme ils veulent » explique Mathieu (prénom modifié). Pour ce militant, ces déclarations s’inscrivent dans une ligne politique dans laquelle il se retrouve. Il comprend donc les prises de position du parti.
Mais cette radicalité ne fait pas l’unanimité chez les Insoumis. Elle suscite un vrai malaise et la rébellion d’un nombre croissant de députés, comme François Ruffin ou encore Alexis Corbière. Dimanche 22 octobre, Raquel Garrido a déclaré sur Franceinfo que le leader insoumis « nuit au mouvement » depuis un an et a rappelé la condamnation de son poulain, Adrien Quatennens, pour violences conjugales. Elle réclame un « changement de fonctionnement » pour que le mouvement ne soit plus seulement « un outil de campagne présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon ». Audacieux de la part de Raquel Garrido… Cela pourrait en effet être considéré comme un crime de lèse-majesté pour les insoumis !
Cette radicalité fait encore moins l’unanimité chez les autres partis membres de la Nupes. Le Parti communiste français (PCF) s’est déjà mis en retrait et se détache chaque jour un peu plus de la ligne politique de La France insoumise. Depuis le moratoire du PS, il semble donc que les choses bougent… Des voix s’élèveraient-elles pour réclamer une nouvelle union de la gauche?
Vincent GIELY