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Le 8 mars, femmes et hommes célébreront la journée internationale des droits des femmes. Partout en France comme dans des centaines d’autres pays, leur défense sera mise à l’honneur. L’occasion, pour tous, de se rappeler les combats passés, de renforcer les présents et de prendre conscience des futurs.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, plusieurs associations et organisations ont appelé à une grève féministe. Les manifestants sont invités à descendre dans la rue pour prendre part aux différents mouvements sociaux organisés ce mercredi 8 mars. Cette grève rappelle les combats qui sont encore à mener, et alerte sur les injustices que les femmes doivent encore affronter à l’échelle nationale comme à l’échelle mondiale.
Une flamme, une voix
Plus localement, des mouvements et associations s’attèlent à organiser des actions symboliques. A Aix-en-Provence, Anne-Dominique Chauvin et Marie-Carole Lecercle, 62 ans, espèrent réunir de nombreuses bougies mercredi soir, Place des Prêcheurs, à 18h30. Les deux amies ont fondé le mouvement “Light4women”, quelque temps après l’assassinat de Mahsa Amini en Iran. Elles lancent, à l’occasion du 8 mars, leur première action : réunir les Aixois, munis de bougies, pour soutenir, symboliquement, les femmes opprimées ou privées de liberté, en France et partout dans le monde. “La bougie est un symbole. On envoie une lueur d’espoir, un éclat de conscience. C’est un message pour dire à ces femmes qu’on ne les oublie pas” explique Anne-Dominique Chauvin. “C’est une première. On espère vraiment rallier un maximum de personnes, femmes et hommes, pour entretenir les flammes. Nous sommes remplies d’espoir et d’énergie”.
Un héritage historique et féministe
Si le marketing s’empare chaque année de cette journée à la recherche d’un éternel profit (non, un fer à repasser spécial “fête des femmes” ne soutient pas la cause militante …), elle est surtout un héritage historique de lutte de tous, femmes et hommes, pour les droits des femmes.
C’est en 1910, que la célèbre journaliste et politique Clara Zetkin propose la création d’une “journée internationale des femmes” lors de la deuxième conférence des femmes socialistes à Copenhague. Mais c’est le 8 mars 1917 qui est, en réalité, le véritable socle du 8 mars que nous connaissons tous : dans les rues de Pétrograd, des ouvrières de Saint – Pétersbourg manifestent pour acquérir la paix et du travail. Ce même jour signe le début de la révolution russe. Lénine choisit alors, en 1921, le 8 mars comme étant la “journée des femmes”. Peu à peu, elle se détache de sa dimension communiste et revêt une perspective féministe dès les années 70. En 1977, les Nations Unies reconnaissent le 8 mars comme “journée internationale des femmes” et il faudra attendre encore quelques années en France, jusqu’en 1982, pour entériner, grâce à Yvette Roudy – ministre déléguée aux droits de la femme-, la “journée internationale des droits des femmes”.
“Il n’y a pas de lutte prioritaire”
Le 8 mars est aujourd’hui devenu un symbole. “Une journée pour les femmes, qui représentent 50% voire plus de la population mondiale, c’est effectivement très symbolique” constate Anne-Dominique. “Mais il faut des jours « symboles » pour faire bouger les choses. Ils contribuent à la prise de conscience”. Et cette prise de conscience se déroule autant sur le territoire français qu’à l’échelle mondiale. “Il n’y a pas de lutte prioritaire. Tous les combats sont importants. Dans les pays développés tels que la France, nous devons nous battre pour qu’il n’y ait pas de retour en arrière, et dans les pays en développement, c’est une lutte constante pour que les femmes gagnent des droits encore non acquis aujourd’hui.” En 2021, la France était à la 16ème place du classement du Forum économique mondial sur l’égalité entre sexes. L’Afghanistan pataugeait à la dernière place. A tous les niveaux, les droits des femmes sont constamment remis en question. En France, malgré l’augmentation indéniable des droits accordés aux femmes, de nombreuses causes restent à défendre : les féminicides (147 en 2022!), les violences conjugales et les inégalités de sexe du quotidien. En Europe, le recul du droit à l’avortement est le combat quotidien des Hongroises et Polonaises. Aux Etats-Unis, la Cour suprême a enterré en juin 2022 l’emblématique arrêt Roe v. Wade, qui garantissait le droit des Américaines à avorter. L’Afghanistan, sous le régime taliban depuis août 2022, applique un cruel recul des droits des femmes tandis que les Iraniennes, elles, se révoltent pour retrouver leur liberté. En Afrique, la lutte contre l’excision doit s’intensifier. Partout sur la planète, les exemples de lutte pour garantir les droits des femmes sont (trop) nombreux. Et cette lutte doit être le devoir de tous. “Il ne faut pas être contre les hommes. Il faut qu’avec eux, nous réussissions. Je crois beaucoup en les jeunes pour promouvoir ces combats sociaux” ajoute Anne-Dominique.
De Olympe de Gouges à Simone Veil en passant par George Sand, les féministes du Pays des droits de l’Homme sont nombreuses. Emmanuel Macron rendra hommage ce 8 mars à Gisèle Halimi, avocate et députée qui a consacré sa vie à la cause des femmes et à la décolonisation. “C’est un pas en avant. Chaque geste est un plus dans la lutte pour les droits des femmes” affirme Anne-Dominique. Alors que cet hommage fait l’objet de nombreux débats pour certains, d’autres y voient un pas vers la panthéonisation de cette figure du féminisme du XXe siècle.
Colombe Laferté