© Magistère DJC
Depuis le 6 janvier, à l’Assemblée Nationale, toutes les oppositions font entendre leur voix contre le projet de réforme des retraites. Une ambiance lourde s’installe au sein de l’hémicycle, face à la menace d’une date butoir de plus en plus proche. Une atmosphère que nous décrit un élu de la majorité.
Le député Renaissance Jean-Marc Zulesi, plongé au cœur des turbulences parlementaires de cette semaine, partage son ressenti sur ce contexte particulier à l’Assemblée Nationale. Le projet de réforme a déjà reçu plus de 20 000 amendements en début de semaine, un chiffre « bien trop important et qui ne sert seulement que d’argument de contestation de la part de l’opposition ». Face à tant d’oppositions, souvent en désaccord entre elles, pouvons-nous espérer atteindre un texte qui convient à l’ensemble de l’hémicycle ? Selon l’élu de la majorité, « il faut croire dans la vertu du débat parlementaire pour trouver une solution, mais un compromis entre tous les groupes politiques semble très difficile, notamment sur ce sujet où les avis sont très polarisés ».
La pression monte dans la Chambre basse, les coups d’éclats de certains députés servent d’exemple. Entre invectives, hurlements et insultes, le débat est plus houleux que jamais. « Au sein de l’hémicycle on sent une tension très forte » nous raconte le député des Bouches-du-Rhône. « La pression sociale des mobilisations récentes se répercute naturellement sur l’atmosphère de l’Assemblée ». Au-delà de l’échelle nationale, les conséquences des contestations virulentes de la population se traduisent dans la vie des députés. « En quinze jours, j’ai vu ma permanence dégradée trois fois par des tags ou des jets de peinture… J’ai même reçu plusieurs lettres de menaces ! » confie-t-il.
Le débat à l’hémicycle s’enlise malgré une échéance de plus en plus proche
La cocotte-minute parlementaire continue à s’affoler, surtout face à la date butoir des discussions fixée au 17 février. La deadline se rapproche au fur et à mesure que les députés tentent d’examiner la montagne d’amendements. « C’est faux de dire que le calendrier parlementaire est trop serré. Nous n’avons jamais eu un délai de discussion aussi long lors des précédents projets de réforme des retraites » défend l’élu de la majorité. En commission parlementaire, avant l’ouverture de la discussion, plusieurs milliers d’objections avaient été déposées. L’examen des articles s’était alors arrêté seulement au deuxième du texte par manque de temps. L’article 7, le plus attendu car visant le recul de l’âge légal de départ à la retraite, n’avait même pas pu être évoqué.
La question est de savoir s’il est même possible de traiter autant d’amendements dans le délai imposé par la calendrier parlementaire. Le député affirme son avis bien tranché sur la question : « on ne peut pas purger autant d’amendements, c’est un pur objectif de blocage et de bordélisation du débat parlementaire (…) La stratégie de l’opposition est de cristalliser les discussions, de faire monter la tension, de multiplier les suspensions de séance, de sorte à ce que le débat s’enlise… »
Quoi qu’il advienne, les discussions se poursuivent intensément dans l’hémicycle. Plutôt qu’un coup d’éclat, il faudrait un coup de génie pour que les différents partis arrivent à un compromis.