© Camille Arias
Ce mardi 4 octobre 2022 s’est tenue la 4ème édition de la nuit du droit dans une centaine de villes. Depuis 2018, cet événement donne la possibilité à tous les citoyens de découvrir les métiers du droit et l’univers de la justice. Selon les villes, on pouvait assister à des ciné-débats, des conférences, des pièces de théâtre ou même des escapes games. Aix-en-Provence nous a proposé, entre autres, la projection du film « Rendre la Justice » de Robert Salis.
Le film « Rendre la Justice » nous plonge dès les premiers instants dans une ambiance solennelle. Le réalisateur a décidé de donner la parole aux magistrats, ce qui nous permet de découvrir les dessous de la Justice. Les successions d’interviews de professionnels du droit, entrecoupées de plans de tribunaux vides, assortis d’une musique mélancolique, nous projette dans une réalité majestueuse. Le film pose plusieurs réflexions. La première étant l’application stricte de la loi, le concept « Dura lex sed lex » (La loi est dure, mais c’est la loi) est rappelé et vivement encouragé. Pour le réalisateur rendre la Justice ne signifie pas pourtant « simplement appliquer la loi » ; la réflexion dépasse cette idée. Ainsi, la notion de responsabilité personnelle des magistrats fait également réfléchir le spectateur. Le long-métrage nous montre ô combien il est difficile de trouver le juste équilibre entre la loi stricte, les émotions et la culpabilité parfois ressentie par les juges. Le film nous met en garde sur les éventuelles dérives du pouvoir confié aux magistrats. André Potocki, juge à la Cour Européenne des Droits de l’Homme au moment du tournage, affirme qu’il n’a « jamais jugé un homme, jamais jugé une femme », il a « seulement jugé des comportements ». Cette distinction est très importante et « Rendre la Justice » insiste sur ce point. Le film rappelle que les juges sont eux aussi des êtres humains et que tout le monde est potentiellement justiciable.
La projection était suivie d’un débat en présence de magistrats interrogés dans l’œuvre de Robert Salis. Cette discussion a permis de poser toutes les questions que l’on pouvait avoir sur le film, sur l’événement du soir, ou même sur la Justice en général. Emmanuelle Perreux, Présidente du Tribunal de Grasse et Renaud Le Breton de Vannoise, Premier Président de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence étaient présents. Ils ont évoqué leurs parcours respectifs, ont insisté sur l’évolution permanente du monde de la Justice et sur la mobilité des magistrats. Ce point particulier a été évoqué à de nombreuses reprises, car c’est pour eux l’un des avantages de ce métier : pouvoir remplir des missions différentes tout au long de sa carrière. « La nuit du droit me tient à cœur » a affirmé le second magistrat.
D’ailleurs, cette soirée a permis de faire découvrir des métiers très différents les uns des autres, tout en comprenant mieux les enjeux de la Justice.
Camille Arias