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Simon est arrivé en mobilité académique à l’HSE de Saint-Pétersbourg, en Russie, le 28 janvier dernier. Il a été contraint d’écourter son séjour à cause de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
« L’atmosphère dans le pays est pesante ». Simon, étudiant en troisième année à Sciences Po Aix, a quitté la Russie à cause du conflit russo-ukrainien. Son échange Erasmus à l’HSE de Saint-Pétersbourg est chamboulé… pour la seconde fois. À cause de la pandémie, il n’avait pu se rendre sur place qu’en janvier dernier. Son premier semestre avait été annulé et remplacé par un stage de quatre mois à l’Alliance française en République Tchèque.
Dès le déclenchement des hostilités, le 24 février, Simon reçoit un mail de son université française lui conseillant de rentrer dès que possible. Peu de temps après, les sanctions européennes et internationales commencent à tomber. Simon n’a qu’un seul désir : s’éloigner.
Face à l’incertitude, la nécessité de partir
« L’avion devait partir le 28 février. » Déterminé comme jamais, Simon tente d’organiser au plus vite son départ vers la France. Cependant, l’Union Européenne annonce, deux jours avant, la fermeture de l’espace aérien. Son vol annulé, Simon panique et appelle ses parents. Ils lui conseillent de se diriger vers la Finlande ou l’Estonie. « Ce sont en fait les deux pays de l’Union Européenne les plus proches de Saint-Pétersbourg ».
La gare se trouve à seulement cinq minutes de son appart hôtel. Sans hésiter, le jeune homme opte pour l’Estonie. Il monte dans le premier train, à destination de Tallinn, la capitale. Ce choix s’impose car en Finlande, seuls les titulaires d’un passeport finlandais ou russe peuvent passer en train. Au bout de trois heures, il descend à la gare d’Ivangorod, toujours en terre russe. Aucun taxi sur place pour le conduire alors qu’il est encore loin de son but.
Infatigable, Simon enchaine son périple avec près de deux heures de marche, dans le froid glacial. Comme si cela ne suffisait, il se fait contrôler quatre fois par les garde-frontières, côté russe. Il finit par rejoindre un ami de son établissement d’origine, de l’autre côté de la frontière. Celui-ci, en stage en Estonie, vit à Narva, une ville frontalière située au nord-est du pays. Là, Simon passe la nuit chez son camarade avant de repartir le lendemain vers Tallinn.
L’aventure reprend, mais cette fois, Simon n’est plus tout seul. Il est accompagné de six camarades de Sciences Po Aix en échange dans d’autres villes russes. Comme lui, ils ont dû partir. Ils se sont retrouvés du côté estonien, peu de temps après l’arrivée de Simon. Ensemble, ils font le trajet en bus jusqu’à Tallinn, l’esprit enfin tranquille. Ils y restent deux jours avant d’être rapatriés en France, en avion, par leur université d’origine.
Aujourd’hui, Simon se contente de poursuivre son année en ligne. Il garde malgré tout un bon souvenir de son séjour. « La ville de Saint-Pétersbourg est magnifique […] » Mais, il rétorque, d’un ton ferme, qu’il n’est pas près de retourner en Russie. « Je ne connais personne qui souhaite y aller d’ailleurs ». Selon lui, personne, encore moins ses amis ukrainiens, ne mérite de vivre une telle situation. D’ailleurs, sur son chemin, il n’a pas rencontré un seul Russe qui ne soit pas opposé à la guerre.