© Marie Scagni
2021 a été une année record pour le marché de la mode de seconde main. Selon l’Observatoire Natixis Payments, les achats de prêt-à-porter d’occasion ont augmenté de 51% en un an. L’image poussiéreuse de la seconde main est donc désormais loin derrière nous. Pour des raisons diverses, les Français voient en elle une véritable alternative à la fast-fashion.
Pièces uniques et moins chères, c’est avec l’envie de se démarquer tout en faisant attention à son porte-monnaie, qu’une large clientèle se laisse séduire par la mode de seconde main. Auparavant prisée principalement par les personnes avec peu de moyens ou les passionnés, on assiste aujourd’hui à une démocratisation de ce mode de consommation.
C’est ce que l’on observe à la Maison Emmaüs, située à Aix-en-Provence. Répartis sur deux étages, des milliers de vêtements et autres objets d’occasion sont disposés sur des portants et empilés sur des étagères. Même un jeudi après-midi, il y a beaucoup de passage dans la boutique. Familles, personnes âgées, étudiants, les profils des clients sont variés. « Même si nous sommes une association venant en aide aux plus défavorisés, toutes sortes de personnes fréquentent le magasin, les plus pauvres comme les plus aisés », se réjouit Madjid, compagnon d’Emmaüs, qui travaille dans cette boutique de centre-ville depuis 2019. Une dynamique qui s’est selon lui, « accentuée » ces dernières années. Il explique toutefois que « des prix bas sont maintenus car Emmaüs a pour vocation d’aider les personnes dans le besoin ». Il précise également que la hausse de la fréquentation ne pose aucun problème au niveau des stocks : il y en a pour tout le monde. En effet, de nombreux vêtements sont déposés chaque jour, comme en témoigne les dizaines de sacs à l’entrée du magasin, qui attentent d’être triés.
Vers un mode de consommation plus responsable
Trier pour recycler, que ce soit pour des raisons écologiques et éthiques… Ornella a fait ce choix, en changeant complètement sa manière de consommer. « La seconde main est une alternative plus responsable à la fast-fashion », affirme-t-elle, d’un air engagé. L’étudiante de 22 ans affichant un style vintage et coloré, n’achète en effet plus aucun vêtement neuf depuis maintenant trois ans et se dirige uniquement vers la seconde main.
« Je pense qu’il faut réfléchir à nos modes de consommation, surtout quand on sait que le textile est la deuxième industrie la plus polluante du monde ». En effet, on peut imaginer son impact écologique lorsqu’on sait que 7 500 litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul jean, selon l’ONU. La jeune femme déplore également « les mauvaises conditions de travail, voire l’exploitation que subissent les ouvriers, surtout dans la fast-fashion ». Une raison qui conforte son choix de ne plus consommer du neuf. Cette volonté de limiter sa participation à un système d’exploitation s’inscrit dans un climat de prise de conscience de la part de beaucoup de personnes, notamment des jeunes générations. Enfin, l’étudiante souligne qu’elle ne « surconsomme pas pour autant, même si c’est de la seconde main » car d’après elle « nous n’avons pas besoin d’autant de vêtements dans nos placards ».
Marie Scagni