© Clarisse Athimon
Entre le monde de Cars et celui relaté dans les mémoires d’Hadrien, tout semble opposé, à commencé par l’univers fictif de l’un s’opposant au réel de l’autre. Pourtant, Flash MacQueen et Hadrien, qu’aussi bien l’âge que l’époque sépare, partage nombre de points communs et sont entourés de personnes nous rappelant l’universalité des composantes de la vie humaine.
La vitesse est définie par Hadrien comme une caractéristique de la société occidentale. À son époque, les chars de chevaux se perfectionnaient pour atteindre une vitesse plus importante. Flash ainsi que Siddelay, le personnage de l’avion, incarnent au XXIe siècle, cette volonté occidentale pérenne de vitesse. À présent, les voitures et avions ont remplacé les chars. La voiture monte dans l’avion et traverse en quelques heures Londres et l’Italie tandis qu’Hadrien montait à cheval pour se rendre d’une ville à l’autre en ce même temps. Force est de constater qu’un déplacement toujours plus rapide demeure : dans le contexte sportif des courses automobiles comme dans les déplacements professionnels de Fin MacMissile.
Les deux œuvres décrivent aussi la société qui s’est dessinée autour de leurs deux personnages principaux. Des constantes apparaissent alors. Bien que plus appuyées dans les Mémoires d’Hadrien, la question du sommeil est aussi abordée dans le long-métrage animé. Les voitures rejoignent un garage personnel pour y dormir.
Le courant philosophique du stoïcisme irrigue partiellement les deux œuvres. Hadrien en a été en partie influencé. Nous pouvons retrouver une manière de gouverner et des pensées allant dans le sens des préceptes de ce courant. Il côtoyait Marc Aurèle, un des père du stoïcisme. Ce dernier soutenait que : » L’art de vivre ressemble plus à un match de lutte qu’à un ballet. « . Martin, le meilleur ami de Flash a bien compris cela. Il valorise les bosses de sa carrosserie et va même jusqu’à vouloir : « Aller se faire quelques bosses de plus. »
Hadrien offre une pensée dans ses mémoires : « (…) la longue série des maux véritables, la mort, Ia vieillesse, les maladies non guérissables, I’amour non partagé, I’amitié rejetée ou trahie, Ia médiocrité d’une vie moins vaste que nos projets(…) » dont l’essence se retrouve dans sa vie. Tout comme dans celle de Martin, l’ami que Flash rejette. Les personnages des œuvres s’expriment tous à la première personne du singulier, une manière de faire résonner l’universel dans l’exploration de l’expérience personnelle notamment en matière de loyauté.
La vieillesse est indéniablement un sujet de rapprochement des deux œuvres. Celle-ci apparaît avec Hadrien lui-même qui rédige ses mémoires alors qu’il est malade et en fin de vie et du personnage d’Otis, cette vielle voiture tombée en rade au bord de la route. Ces deux personnages subissent les effets physiques des années qui passent. Ils portent cependant un regard assez détaché à cette dégradation physique : « Déjà, certaines portions de ma vie ressemblent aux salles dégarnies d’un palais trop vaste, qu’un propriétaire appauvri renonce à occuper tout entier. » Cette chosification rédigée par Hadrien se rapproche du personnage d’Otis qui, rappelons-le, est une voiture personnifiée. Ces changements du corps face aux temps et aux épreuves font émerger chez ces personnes une humble acceptation. Ils ne laissent pas place à la résignation, en continuant à se déplacer.
Réel ou fictif, nombreux sont donc les messages communs à ces deux histoires. Flash MacQueen comme Hadrien tente, a sa manière, de « regagner quelques pouces de terrain perdu » sur la piste de courses comme sur celle de la vie. Contre Francesco Bernoulli ou contre le temps.