Le Département des Bouches-du-Rhône a offert 20 000 places de cinéma mercredi 6 octobre. L’occasion de prendre le pouls des cinémas et de leur public après plus d’un an de fermeture.
En soutien au 7ème art, le Département a relancé l’initiative « Tous au cinéma » en partenariat avec 39 salles. Mercredi 6 octobre, cinéphiles et curieux ont pu bénéficier de 20 000 places de cinéma gratuites. Sarah, étudiante de 22 ans, en a entendu parler via La Provence et a décidé avec sa sœur d’en profiter pour aller au Cézanne voir Dune, le film événement de Denis Villeneuve. « A l’entrée, deux personnes distribuaient des tickets bleus en précisant que c’était gratuit. Après contrôle du passe sanitaire, nous avons pu échanger nos tickets contre les billets du film. » Un autre étudiant, Lucas, a également sauté sur l’occasion d’un film gratuit pour découvrir les nouvelles aventures de James Bond. « Mon budget est un peu serré depuis quelques temps, alors si on m’offre le ciné, je ne vais pas dire non ! » Mais la gratuité n’intéresse pas que les étudiants. Ce soir-là, dans la salle obscure, tous les âges et tous les profils étaient réunis : du néophyte au cinéphile en passant par le fan incontestable de James Bond.
L’opération est donc un succès du côté du public et il semblerait que ce soit aussi le cas du point de vue des cinémas. Florian, hôte d’accueil au cinéma le Mazarin témoigne : « On a eu pas mal de curieux. Mais ça reste difficile de bien estimer l’impact : dans un ciné comme le Mazarin ou le Renoir, on a beaucoup de fidèles grâce aux pass illimités ». Ces places gratuites n’avaient effectivement pas grand intérêts pour les abonnés.
Une saison qui reprend enfin ?
Il faut dire qu’avoir de nouveau du public est un soulagement pour les cinémas, un peu délaissés depuis le déconfinement. Le Mazarin enregistrait environ 150 clients par jour cet été contre 600 avant la pandémie. Aujourd’hui le cinéma reçoit jusqu’à 400 clients par jour. « Depuis deux semaines on commence enfin à rentrer dans la haute saison même si ça n’est pas comparable avec l’avant-covid. » Les spectateurs semblent mettre un peu de temps à retrouver le chemin des salles obscures. « Sûrement un manque de lisibilité pour le public, certains ne savaient même pas que le ciné avait rouvert, ou n’étaient pas au courant des films en salles » explique Florian. Il faut dire que le passe sanitaire n’a pas aidé la reprise, mais maintenant qu’il est obligatoire pour accéder à beaucoup de lieux, les cinémas s’en retrouvent moins pénalisés. « Je pense qu’on a fini par s’y accoutumer. »
Autre potentiel coupable de cette faible fréquentation : les plateformes de streaming qui ont remplacé les cinémas pendant les confinements. Il va falloir trouver un nouvel équilibre entre vidéo à la demande et grand écran. Mais Florian n’est pas inquiet car les jeunes affluent toujours en nombre pour voir Dune, Bac Nord ou encore James Bond. Des films qui, selon lui, pourront aider le cinéma à retrouver son ancien rythme et à le conserver : « Notre but va être d’offrir des films qui se prêtent bien à l’expérience en salle ».
Mathilde Gibillino