A quelques mois de la fin de l’année universitaire, les étudiants sont en pleine recherche de stage pour gagner une expérience professionnalisante en lien avec leur formation. Malheureusement, la crise sanitaire leur met des bâtons dans les roues, les entreprises hésitant à prendre la responsabilité d’accueillir des stagiaires.

Si l’université dispense la partie théorique des formations, ce sont les stages qui en assurent la partie pratique. Ils permettent aux étudiant de gagner une première expérience dans leur futur métier. Mais déjà en 2020, la pandémie de Covid-19 a empêché certains élèves de trouver une entreprise pour les accueillir. Ça a notamment été le cas pour Camille, étudiante en master de droit à Lyon : elle avait trouvé un stage l’année dernière mais l’entreprise a finalement préféré ne pas maintenir l’expérience au vu du contexte sanitaire. Si au contraire, Amandine, étudiante en école d’ingénieur à Paris, a eu la chance de pouvoir poursuivre son stage, elle reconnaît que la situation n’a pas été simple. « Mon expérience de l’été dernier était majoritairement en télétravail. Ce n’est pas évident de commencer à distance, j’ai l’impression d’être passée à côté de beaucoup de choses. » Et cette année la situation se complique encore, comme le confirment les deux étudiantes dont bon nombre de candidatures sont restées sans réponses. « Un recruteur ou deux m’a contacté parce que mon profil les intéressait, malheureusement les dates de stage ne coïncidaient pas avec mes disponibilités » explique Camille. « La difficulté est de trouver un stage qui correspond à nos compétences et notre projet, l’année dernière justement je n’ai pas pu travailler dans un domaine qui m‘intéressait » ajoute Amandine.

La peur de ne pas trouver de stage ne cesse d’augmenter. « Il est obligatoire d’avoir fait un stage pour valider mon diplôme, la période de recherche est du coup assez stressante » explique Amandine. Camille renchérit : « Je sais que je ne suis pas la seule à ne pas avoir trouver donc j’essaie de relativiser, mais ce n’est pas simple ». Ce qui inquiète le plus les deux étudiantes, c’est que leur manque d’expérience les pénalise une fois arrivé dans la vie active. Camille s’inquiète pour la suite : « J’ai peur qu’une fois sur le marché du travail mon dossier soit dévalorisé du fait que je n’ai pas pu avoir beaucoup d’expérience à cause de la crise sanitaire. »

Des entreprises en difficultés

Si bon nombre d’entreprise ne rouvrent pas leurs portes aux étudiants, ce n’est pas toujours une question de responsabilité vis-à-vis de la crise sanitaire. En effet, beaucoup d’entre elles peinent encore à se réorganiser : certaines sont en activité partielle, d’autres ne peuvent recevoir que la moitié de leurs effectifs sur place… autant de changements qui rendent difficile l’accueil d’un stagiaire.  C’est justement le cas de l’entreprise de Vincent, chef de projet dans l’édition de logiciels et basé dans les alentours de Marseille. Depuis mars 2020, la boîte n’a toujours pas pu reprendre de stagiaire par « manque de temps »  et à cause d’un effectif réduit. Certains salariés sont en activité partielle, les autres peuvent se rendre dans les locaux de l’entreprise mais n’ont pas pour autant la possibilité de prendre en charge un stagiaire. « Il faut avoir du temps à consacrer à la formation et suivre les progrès, ce n’est pas possible quand notre entreprise est déjà en difficulté ».

Les entreprises qui parviennent encore à recruter des stagiaires sont celles qui s’en sortent le mieux. Certaines optent pour le télétravail lorsque c’est possible, d’autres peuvent accueillir les étudiants dans leur locaux, si les mesures sanitaires le permettent. Ce sont notamment les hôpitaux qui ont pu recevoir à nouveau des stagiaires comme en témoigne Thomas, responsable magasin d’un hôpital de Marseille. « Lors de la première vague nous avons dû arrêter de prendre des stagiaires car nous ne voulions pas engager notre responsabilité sur quelque chose que nous ne connaissions pas assez. Et dans la frénésie de la pandémie, accueillir des stagiaires n’était pas une priorité pour nous ». En revanche, une fois la situation sanitaire un peu calmée, l’hôpital a pu adapter ses mesures sanitaires afin de prendre en charge des étudiants en médecine, mais aussi dans toutes les professions nécessaires au bon fonctionnement de l’établissement. « On prend moins de stagiaires qu’avant pour respecter les gestes barrières, c’est primordial pour nous » reconnaît Thomas.  « Cela dit on aurait plus à gagner à avoir davantage de monde vu la hausse d’activité que nous connaissons ».

Mathilde Gibillino