Selon une étude de 2019 menée par le site nouvelleviepro.fr, 9 Français sur 10 ont déjà songé à la reconversion. Parmi ces actifs de 18 à 64 ans, 38 % auraient ainsi franchi le cap. L’ancienne cheffe personnelle, Céline Brochard, fait partie de ces ambitieux. Elle a opté pour le monde viticole, délaissant l’univers prestigieux du yachting.
C’est l’heure de la pause en Ardèche, au domaine des Accoles. Entre deux récoltes, sous un soleil rayonnant, Céline explique qu’elle a toujours voulu comprendre et connaître par cœur la sommellerie et ses particularités. C’est ce qui l’a décidée à se tourner vers cette voie professionnelle originale.
Cette Cannoise d’origine n’a jamais été attirée par des études « classiques ». Elle se retrouve ainsi rapidement plongée dans le travail, en commençant par des métiers de service dans la restauration. À force d’expériences riches, dans des établissements renommés, c’est vers la cuisine qu’elle se tourne. Avec un caractère bien trempé, mais aussi une forte envie de voyager et découvrir des cultures, la quarantenaire devient alors cheffe sur des yachts, pour d’importants clients. Mais quelque chose manque, l’amour du travail ne semble pas entier. La sommelière déplore de nombreux inconvénients dans son ancien métier « le yachting est un milieu superficiel et ingrat. Certes, on gagne bien sa vie, mais à quel prix ? Trop de travail sous pression, pour aucune reconnaissance ! ».
L’idée de la reconversion trotte alors dans son esprit. En 2019, l’Azuréenne se lance. « Je voulais quitter le yachting afin de retrouver de la stabilité, mais surtout par passion pour le vin ». Après un diplôme en sommellerie obtenu avec les honneurs de son maître de stage, le MOF Pascal Paulze, elle lance avec sa femme un concept inédit : un WineTruck. « Le Raisin de Vivre », une remorque à la forme d’un tube Citroën, sillonne alors les marchés des Alpes-Maritimes et du Var, et offre même un service événementiel. Une idylle se dessine alors, jusqu’à l’arrivée de la Covid-19. Les confinements successifs et autres restrictions affectent durablement l’activité du camion.
Mais pas de quoi décourager cette audacieuse indépendante, qui entreprend de nouvelles études fin 2020. « Avec l’arrêt partiel du travail, j’ai choisi de commencer un bac pro CGEVV (conduite et gestion d’une entreprise vini-viticole) » lance-t-elle fièrement. Tout en admirant les vignes ardéchoises briller au soleil, elle détaille sa décision. « Mon ambition est de créer une vigne pédagogique, d’aller plus loin que les seules connaissances olfactives et gustatives. J’ai envie de me reconvertir dans un domaine qui me rapproche de la nature ».
Cette nouvelle formation l’éloigne un peu plus de son parcours originel dans les cuisines exiguës des bateaux. Même si ce projet de vigne pédagogique n’est qu’une hypothèse, Céline n’y voit que des avantages. « Cela m’ouvre des perspectives qui répondent à mes attentes : la stabilité, le retour au vivant, et vivre passionnément ».
L’œnophile tient un discours rassurant en ce qui concerne le déroulement actuel de ses cours. « On a un stage à faire en ce moment. À titre personnel, je n’ai eu aucune difficulté à en trouver, comme la plupart de mes camarades ». Elle l’assure, la pandémie pose peu de contraintes, la continuité pédagogique étant assurée via le distanciel. Seuls certains travaux ont été ralentis à cause du couvre-feu.
Pour ceux qui n’osent pas tenter le pari d’une reconversion et autres indécis, Céline tient un discours rassurant. « Il ne faut jamais se décourager ! Il y a toujours une solution, si on se donne les moyens, on réussit ». Ses conseils pour bien appréhender cette aventure : se poser les bonnes questions. Selon elle, outre prendre un temps de réflexion nécessaire et aller à la pêche aux informations, « il faut se demander si une remise à niveau s’impose, mais aussi connaître ses attentes profondes ». C’est avec un sourire jusqu’aux oreilles qu’elle reprend le chemin de ses vignes adorées, en pensant sûrement à la chance de pouvoir désormais exercer son activité avec amour.
Hugo Messina