Photo DR
La culture s’affiche comme la grande victime du coronavirus. Les cinémas sont fermés depuis octobre dernier et ne savent pas quand ils pourront réouvrir. Malgré ce flou, les productions du septième art ne s’arrêtent pas et les tournages continuent. Inès Gomez, accessoiriste, assiste au plus près les comédiens et doit répondre à leurs besoins quotidiens. Elle travaille depuis moins d’un an, et n’a donc jamais connu de tournage sans le spectre du covid.
Comment se déroulent les tournages ?
Je n’ai jamais tourné sans masque, c’est fou ça quand même ! Tous les techniciens sont masqués, mis à part les comédiens qui l’enlèvent sur le plateau. J’ai pu observer l’évolution des tournages cette année.
Les règles ont évolué au fil de la pandémie ?
Oui, elles se sont durcies depuis cet été. Avant, il y avait peu de désinfectant, le masque se portait souvent sous le nez. Mais depuis, tout a changé. On doit mettre du gel hydroalcoolique et on change de masque toutes les quatre heures, à la cantine on a un siège d’écart. Si tu ne respectes pas ces règles, tu te fais virer. Aujourd’hui, on a pris de conscience de l’importance de ces principes, et c’est crucial pour continuer à travailler.
Vous vous faites souvent tester ?
Oui, souvent. Tests PCR, antigénique, on fait tout ! (rires) En ce moment je tourne depuis deux semaines et je me suis déjà fait tester six fois.
Que se passe-t-il quand quelqu’un est positif ?
On reçoit un coup de fil tous les dimanches soir pour faire un bilan. Si quelqu’un est porteur, on doit tous se refaire tester. J’ai eu le malheur de tousser entre deux scènes, on m’a ordonné d’aller changer mon masque alors que je suis simplement allergique au pollen.
Cela ressemble à une forme de paranoïa…
On tourne souvent dans des endroits assez étroits donc on ne peut pas respecter les distances de sécurité. On observe deux types de personnes : les flippés, et les gens qui s’en fichent. Par exemple, après une scène j’ai apporté une tasse de thé à un acteur, et ce dernier m’a dit d’un ton assez froid « prends bien la tasse par la hanse » ce que je faisais, et fais systématiquement. Mais les acteurs aussi sont des humains et ils ont parfaitement le droit d’avoir peur.
Les salles sont fermées, toutes les sorties sont repoussées, est-ce qu’on tourne différemment dans ce climat d’incertitude ?
On se demande déjà si on va réussir à terminer le tournage, parce qu’on est sûr de rien. J’ai tourné un film à Paris, au milieu du tournage, on s’est reconfiné, c’était assez particulier. Aujourd’hui, je ne sais pas quand il va sortir. Mais quand je travaille je n’y pense pas, parce que ça me plaît.
Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernement vis-à-vis du monde de la culture ?
Fermer les salles, ça n’a aucun sens. On laisse les Français s’entasser dans les transports en commun ou dans les centres commerciaux et on les empêche de venir s’asseoir dans une salle où personne ne parle. Je ne comprends pas. Si on ferme les salles de cinéma, on doit tout fermer. Idem pour les théâtres, on nous laisse tourner sans soucis, mais on empêche des acteurs de jouer en direct face à un public. J’ai du mal à comprendre.
Vincent Pic