Triste anniversaire du drame des effondrements de la rue d’Aubagne, il y a maintenant deux ans. Entre hommages, mobilisations et promesses de la nouvelle municipalité, tour d’horizon de la situation.
Il y a deux ans, le 5 novembre 2018 à 9h05, deux immeubles s’effondraient rue d’Aubagne, à Marseille, provoquant la mort de 8 personnes. Simona, Fabien, Niassé, Chérif, Julien, Marie-Emmanuelle, Ouloum et Taher. 9 minutes de silence ont eu lieu ce jeudi 5 novembre, devant le trou béant des 63 et 65 rue d’Aubagne, pour rendre hommage à ces huit vies emportées et celle de Zineb Redouane, l’octogénaire décédée pendant une manifestation des « gilets jaunes », un mois après. Malgré le confinement, quelque 200 personnes étaient réunies, flambeaux à la main, lors de ce triste anniversaire. Aucune personnalité politique de l’ancienne majorité municipale n’était présente mais des élus de la majorité se sont mêlés à la foule dont Benoît Payan, premier adjoint et Sophie Camard, maire de secteur. L’hommage avait commencé une semaine avant, avec l’exposition « Indigne-Toit », signée Anthony Micallef, qui témoigne de la vie des délogés de la rue d’Aubagne, après le drame. Une cinquantaine de portraits accompagnés d’interviews écrites et sonores, envelopperont ainsi l’Hôtel de Ville et la place Villeneuve Bargemon jusqu’au 22 novembre. La petite place de la rue d’Aubagne, dite « Place d’Homère » selon les gens du quartier, n’avait pas de nom officiel. La maire de Marseille, Michèle Rubirola, a proposé vendredi de la rebaptiser « Place du 5 novembre 2018 », en souvenir de la catastrophe. La décision officielle devrait être adoptée lors du prochain conseil municipal, dont la date n’est pas encore connue.
Lutte contre l’habitat indigne
Ce drame a fortement bouleversé la ville et a engendré un combat mené par plusieurs associations; celui contre l’habitat indigne. L’effondrement de cet immeuble révélait, lors d’un rapport de l’inspecteur général de l’équipement, Christian Nicol, que Marseille comptait près de 40 000 logements insalubres. La ville a peu à peu révélé ses faiblesses sur cette question, avec plus de 300 arrêtés de péril grave et imminent, et près de trois milliers de résidents délogés. Car l’insalubrité de ces bâtiments était connue des propriétaires comme de la mairie. Depuis, le bailleur Marseille Habitat, propriétaire de l’un des deux immeubles effondrés, a été mis en examen; des mesures ont été annoncées de toute part pour lutter contre l’habitat indigne et insalubre, des manifestations ont eu lieu, des articles ont été publiés mais la situation semble ne pas avoir vraiment évolué depuis plusieurs mois. La municipalité ayant changé entre temps, depuis juin, les associations et personnes engagées dans la cause espèrent et attendent que ce soit leur nouvelle priorité. Or, le logement est une compétence métropolitaine est la Métropole est restée acquise aux Républicains. Pour répondre à cela, lors d’une allocution diffusée sur les réseaux sociaux le 5 novembre, Michèle Rubirola, qui n’a pas pu participer à l’hommage pour cause de suspicion de Covid-19, a exprimé son souhait de vouloir agir contre le mal logement. « Cette année, nous agissons », a-t-elle annoncé en évoquant un nouveau mode de gouvernance sur la politique du logement La maire envisage de réunir la Ville, les associations et les acteurs du logement au sein d’une « convention permanente pour le logement ». Cela commencera par la « Charte du relogement », le 1er décembre. « Nous aurons besoin de temps pour résoudre ces difficultés et réparer 25 ans de mauvaise gestion ». Aujourd’hui, il y aurait plus de 800 familles à l’hôtel ou dans un logement temporaire.
Manon Ufarte