Mercredi, Emmanuel Macron a annoncé un deuxième confinement, pour une durée provisoire de 4 semaines. Malgré cette nouvelle mesure, l’enseignement dans le premier et second degré est maintenu en présentiel. Une bonne nouvelle, aussi bien pour les professeurs que pour les élèves.
A priori, le confinement 2.0 ressemble à son grand frère du mois de mars. Mais quelques changements notables ont été introduits. Parmi eux, le maintien des cours pour les élèves en maternelle, au primaire, au collège et au lycée. L’expérience mitigée de l’enseignement à distance, sauf retournement de situation, ne se reproduira pas.
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, a détaillé le protocole sanitaire à suivre : port obligatoire du masque pour tous les élèves âgés d’au moins 6 ans, aération des locaux, arrivée échelonnée des élèves dans les établissements et attribution d’une salle par classe lorsque cela est possible. Si certains professeurs estiment que le respect de ces gestes barrières est difficilement réalisable, la majorité d’entre eux accepte ces contraintes. C’est le prix à payer pour éviter un retour aux cours en ligne.
Il faut dire que cette pratique a montré ses limites, surtout pour les plus jeunes. Le précédent confinement a provoqué des effets pervers encore visibles aujourd’hui chez certains élèves. Les inégalités se sont malheureusement renforcées. Tous n’ont pas les mêmes conditions de travail à domicile, qu’il s’agisse de l’accès à internet ou d’une potentielle aide des parents (ces derniers peuvent d’ailleurs cette fois-ci travailler sans se préoccuper de la garde de leurs enfants). Après une longue période sans se rendre à l’école, le risque de décrochage semble réel. France Amory, professeure à l’IME de Tours (Institut médico-éducatif), explique que le premier confinement a entrainé « un retard conséquent difficile à rattraper, surtout quand les parents ne peuvent pas aider». Ce constat est applicable à toutes les classes, surtout pour les jeunes élèves pour qui le degré de maturité et d’autodiscipline est moins élevé que chez les lycéens. Pendant les cours en ligne qu’elle a animés, cette enseignante n’a pas pu « introduire de nouvelles notions, ces dernières nécessitent des manipulations impossibles à réaliser à distance ». Le manque de dynamisme complique l’assimilation : «en classe, on apprend à plusieurs, les élèves s’entraident, seuls ils ont plus de mal à trouver du sens à leur travail ».
En plus d’un apprentissage rendu plus compliqué, le distanciel interrompt l’essentiel des relations sociales des élèves, pourtant primordiales à cet âge-là. L’école demeure un lieu de rencontre dont « la dimension sociale ne doit pas être sous-estimée ». Le maintien des cours en présentiel évite donc le risque d’isolement et un ennui qui parait inéluctable en cas de fermeture des établissements scolaires. Un deuxième arrêt aurait été fatal. Heureusement, le gouvernement a tiré les enseignements du premier confinement. A l’image d’un bon élève, il a retenu la leçon.
Raphael Hazan