Dimanche 27 septembre, les restaurants ont remballé leur terrasse et fermé les portes pour une dizaine de jours. Si certains cessent toute activité jusqu’au 5 octobre, d’autres tentent de garder un contact avec la clientèle.
Le ballet quotidien de tables et de chaises n’a plus lieu sur la place Richelme. Tous les établissements ont rangé, et parfois empilé, leur mobilier sur la devanture. Portes clauses et rideaux baissés. Seul le restaurant Charly’s fait exception. Karim Chikaoui, le patron, rentabilise la fermeture comme il peut : « on a quelques travaux à faire, alors on s’occupe de ça… Ça va durer deux jours, après on retournera s’ennuyer ». Karim a mis ses dix salariés au chômage partiel. L’État a garanti la prise en charge des salaires à 100%. Le restaurateur apprécie l’aide financière mais confirme que c’est loin d’être suffisant. « On a retrouvé un bon chiffre cet été, mais on a perdu le printemps, là on nous vole l’automne. Forcément on perd de l’argent ! L’hiver arrive et ce n’est jamais la meilleure saison… Pour nous ce sera seulement plus compliqué, mais certains ne s’en relèveront pas ». Un constat loin d’être rassurant à la vue des restaurants voisins, vides et plongés dans le noir.
Plus haut, l’absence des terrasses en face de l’hôtel de ville interpelle. La fontaine trône, seule. Sur la place, la Brasserie de la Mairie fait de la résistance. L’établissement continue de faire fonctionner son bar, il propose toutes sortes de boissons à emporter. A l’intérieur, les tables ont été rapatriées. L’accès au bar tient en un carré d’un mètre de côté. La commande doit se faire à travers les robinets à pression. Deux serveurs se relayent d’un jour sur l’autre, les seuls à avoir échappé au chômage partiel. « Le temps passe lentement, d’habitude on court sur la terrasse pour prendre et servir les commandes » se plaint Lars, le barman du jour. « Là, même quand il y a du passage, on reste derrière notre bar ». Mais le jeune serveur relativise. Conscient que les boissons à emporter ne compenseront pas les pertes, il préfère retenir le bon côté des choses. « Les gens sont contents de voir qu’ils peuvent commander leur petit café, ou boire une bière à la sortie du boulot. Et nous, on continue de voir les clients ». Une dame s’aventure sans certitude pour demander deux expressos. Elle rejoint son amie et vont s’asseoir sur les bancs de la place, à défaut d’avoir des chaises confortables. En les voyant, Lars ironise. « Ça reste un lieu de rencontre, la place se remplit juste autrement ».
A contrario, en contrebas, le forum des Cardeurs est désert. Certains restaurants ont laissé leurs tables en place par manque de rangement. D’autres ont bâché leurs équipements. Le silence règne sur la place habituellement bruyante et pleine à craquer. Seule la pizzeria Le Rendez-Vous est ouverte. Le responsable adjoint, Jérémy Robert, et son chef de cuisine attendent désespérément les commandes de livraison. Les deux hommes installés sur leur comptoir confient ne pas avoir beaucoup de demande. « La place des Cardeurs, c’est la place où les gens viennent pour manger en terrasse ! Les Aixois jouent le jeu mais on sait que ce n’est pas à nous qu’on pense pour prendre à emporter ». Pour le moment le restaurant tient bon, mais les salariés redoutent des conséquences économiques plus lourdes si les fermetures se prolongent. D’autant que pour Jérémy, la décision gouvernementale ne fait que déplacer le problème. « Ici c’est fermé, mais à même pas 15 minutes de route tous les restaurants sont ouverts. J’ai un ami restaurateur à Gardanne, sa terrasse est pleine. » La fermeture totale des restaurants et des bars a métamorphosé le centre d’Aix-en-Provence. Les patrons, les employés comme l’ensemble des Aixois attendent le 12 octobre avec impatience. En espérant que d’ici là, la réouverture des établissements aura été prononcée.
Cécile Vassas