« C’est moi, c’est l’Italien, est-ce qu’il y a quelqu’un, est-ce qu’il y a quelqu’une ? », chante Reggiani. Et bien oui, il y a bien du monde chez le traiteur « l’Italien » en cette fin d’après-midi, dans le respect des consignes sanitaires, et l’on ne semble pas s’inquiéter des nouvelles restrictions prévues pour samedi.
Ici, on travaille en famille. La « nonna » vient toujours donner un coup de main le week-end. On ne vend que des produits italiens – tels que les fameux gressins artisanaux – à l’exception de « la pata negra »: « notre cousin espagnol » comme Carla, la fille de la gérante, le nomme. C’est désormais elle qui s’occupe de l’épicerie aixoise, créée il y a plus de vingt ans. Depuis, deux autres magasins ont vu le jour: un à Nice et l’autre au Tholonet.
La famille de Carla propose de nombreux services. Elle dispose de son propre restaurant, où est préparé l’ensemble des produits vendus dans l’épicerie. Lorsqu’elle débute son activité en 1996, elle s’occupe de mariages, se déplaçant même jusqu’au Maroc. Mais désormais, elle se charge principalement de repas d’affaires ou de réceptions. « On cuisine tout nous-mêmes au restaurant, on livre, on installe puis on repart ! » détaille Clara avec passion. Durant le confinement, elle et ses proches ne sont pas contraints de fermer les épiceries, vendant des produits de première nécessité. Cela lui permet de compenser les pertes liées à l’arrêt de livraison en entreprise pour les meetings. Elle préfère tout de même fermer à la mi-avril afin de protéger ses employés, de plus en plus inquiets.
L’annonce du ministre de la santé Olivier Véran interdit les mariages et les anniversaires comptant plus de trente personnes dans les départements en zone d’alerte maximale. Dans les Bouches-du-Rhône, les restaurants et les bars se voient contraints de fermer. Grâce à la diversité de leurs offres, les répercussions sur l’activité économique de cette famille seront moindres. Ces experts de l’organisation d’événements gustatifs peuvent toujours compter sur les réunions professionnelles. Cependant, ils doivent s’adapter : « les gens ont peur et ne voudront probablement plus du tout que l’on vienne les servir ». La famille compte donc sur les buffets, où leur intervention se termine une fois la marchandise livrée. Mais tout reste incertain. Ce qui est sûr, c’est que ces restaurateurs seront capables de trouver des solutions, ayant plus d’un tour dans leur sac !
Elisa Hemery