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Pour atteindre les meilleures performances, les sportifs de haut niveau doivent acquérir un « mental de vainqueur ». Comme un muscle, le mental se travaille et fait entièrement partie de l’entraînement. L’être humain est extrêmement complexe. Un sportif, qui cherche constamment à repousser ses limites, à gérer son stress ou la pression, est généralement épaulé par des professionnels qui l’aident à atteindre ses objectifs. 

Lou Terreaux, sportive de haut niveau en danse sur glace en couple avec Noé Perron, enchaîne les compétitions. À seulement vingt ans, cette jeune sportive, membre de l’équipe de France senior prépare en parallèle un BTS Management Commercial Opérationnel. Pas facile de concilier études et sport de haut niveau lorsque les journées sont passées à s’entraîner… “On travaille dur tous les jours avec notre corps, si la tête ne suit pas à un moment donné ça ne marchera pas et on va finir par se blesser” précise la patineuse. Elle est suivie par un psychologue et un psychiatre qui déplore qu’on ne “parle pas assez” de la préparation mentale. “Énormément de sportifs ont honte d’aller voir un psychologue. Ça devrait être automatique de se faire suivre par des préparateurs mentaux. S’il n’y a pas de préparation mentale, il n’y a pas de sport” précise la patineuse.

Selon Francisca Dauzet, coach mental de la performance des acteurs du sport de haut niveau et psychanalyste transgénérationnelle, « le mental n’est ni un ennemi, ni un ami, mais une configuration avec laquelle chacun aura à construire ses propres chemins de performance ». Elle rappelle in fine qu’un sportif de haut niveau n’est pas un « robot ». 

Travailler le mental permet d’obtenir de meilleures performances. “Je sens vraiment que je suis plus concentrée et j’arrive à mieux gérer mes émotions quand j’ai fait un travail psychologique sur moi-même avant” affirme la jeune sportive.
A contrario, une préparation mentale insuffisante pour une compétition se reflète dans la performance. “En janvier, on a eu beaucoup de déception avec la Fédération, on devait partir à de grosses compétitions mais on n’a pas été sélectionné. Cela m’a mis un coup au moral et j’ai patiné sans aller voir ma psychologue. J’ai raté mes deux épreuves. Je suis tombée pendant mes programmes parce que je n’étais pas prête psychologiquement à refaire des compétitions” confie la patineuse.

La préparation mentale du sportif de haut niveau

Francisca Dauzet a accompagné Daniil Medvedev, ancien numéro 1 mondial en tennis. Aujourd’hui, elle travaille avec de nombreux sportifs de haut niveau dans différents sports comme la natation et le BMX. Elle est également responsable de la dimension mentale et psychologique de la Fédération Française de Tennis. Ce travail avec les sportifs sur la dimension mentale ne peut pas s’effectuer sans lien de confiance « nous sommes des facilitateurs de la performance de l’athlète, mais c’est lui l’expert », confie-t-elle.

« Pour un sportif de haut niveau je fais déjà l’anamnèse de là où il part. On observe tout le panorama qui le constitue (son histoire familiale, pourquoi ce sport, comment il pense, quelles sont ses représentations, ses croyances…) pour explorer sa légitimité, sa place, son environnement, pourquoi il veut atteindre un tel niveau, etc. Une fois qu’on a établi la cartographie de qui il est et de son univers, on va aller regarder de plus près quels sont ses objectifs de performance. À partir de là, on va construire une sorte de maison de la performance qui va durer, selon la mission, quelques mois ou quelques années. Le chemin interne que chaque athlète va élaborer est spécifique et unique » détaille Francisca Dauzet.

Lou, patineuse depuis l’âge de cinq ans, travaille sa préparation mentale avec des psychologues, énergéticiens et même sophrologues. “On essaye de mettre en place des exercices pour que je reste dans ma bulle, que je me concentre et que je réussisse à contrôler mon stress”.

Aujourd’hui, de nombreux sportifs libèrent la parole sur le rôle de la santé mentale. En 2020, la gymnaste américaine Simone Biles s’était notamment retirée des Jeux olympiques de Tokyo en déclarant que « [son] esprit et [son] corps ne sont simplement pas synchronisés ». En 2021, la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka s’était également retirée de Roland-Garros en évoquant son anxiété. Car, même avec la meilleure préparation physique, il est impossible de continuer sans mental.

Virginie Buleté