L’aide alimentaire, une première étape vers l’abolition de la précarité étudiante
11 mai 2021
La FAMI (Fédération Aix-Marseille Interasso) et ses étudiants s’engagent depuis le début de la crise sanitaire en mars dernier afin de soulager et d’aider les étudiants précaires notamment grâce à ses distributions alimentaires et ses « AGORAés ».

 

3 questions sur la solidarité étudiante en cette période de crise sanitaire à Baptiste Tropini, étudiant en 5ème année de kinésithérapie à Marseille et président de la FAMI.

 

Parlez-nous un peu plus des AGORAés : à quoi servent-elles ?

 

A la base, une AGORAé, c’est un lieu de vie ouvert à tous mais aussi une épicerie sociale et solidaire à destination des étudiants précaires. Grâce à ces épiceries, chaque bénéficiaire peut obtenir des produits de première nécessité : des produits d’entretien et des denrées alimentaires. Le tout à 10% du prix du marché. Dites-vous que ça permet d’avoir sa nourriture pour toute une semaine à moins de 5€ ! Les AGORAés ont dû fermer pendant le confinement et pour pallier ce manque, la FAMI a mis en place des distributions alimentaires sur au moins cinq sites entre Aix et Marseille. Aujourd’hui, les 2 projets se rejoignent et tout étudiant ou jeune de 18 à 25 ans peut venir chercher son panier alimentaire directement dans l’une des 3 AGORAés.

Développer une aide alimentaire et des AGORAés, c’était une nécessité sur le territoire parce que la précarité est partout : elle touche tous les étudiants sur tous les campus, même les étudiants qui n’étaient pas forcément fragiles avant la crise sanitaire. Ce qui nous a poussé à faire des distributions, c’est le sentiment que les étudiants ne s’en sortiraient pas tous seuls, jumelé à notre sentiment d’appartenance à la communauté étudiante : on se devait d’aller aider nos collègues dans le besoin.

 

Que pensez-vous de l’implication de l’université dans l’aide alimentaire ?

 

Elle est totale, on ne peut pas se plaindre. L’aide est à la fois logistique, matérielle, financière… La gouvernance joue le jeu et nous permet de mener un projet de lutte contre la précarité de façon globale sur tous les campus. A titre d’exemple, c’est l’université qui nous met à dispositions des locaux pour nos distributions, qui fournit des utilitaires pour déplacer les denrées etc.

A côté de ça, on a le repas à 1€ qui est une très bonne initiative ouverte à tous les étudiants sans distinction. C’est un bon signal envoyé par le ministère et qui, on l’espère, va se pérenniser à la rentrée prochaine. Mais cela reste une réponse partielle. C’est une solution pour les jeunes dans la sphère universitaire, sur l’aspect alimentaire. Mais quand on évoque des problématiques annexes comme les logements, les interactions sociales et l’aspect psychologique, on observe quelques trous dans la raquette.

 

Comment AMU peut-elle améliorer la situation étudiante ?

 

Elle peut commencer dans un premier temps par continuer de nous soutenir dans les projets qu’on met en place. J’entends par là le projet AGORAé sur tous les campus, mais pas uniquement. L’université doit aussi soutenir les associations étudiantes du territoire qui sont finalement les acteurs au plus près des étudiants marseillais et aixois. Dans un second temps, si AMU veut aider les étudiants elle doit aller les chercher directement en mettant en place plus d’interactions. Ils ont une vision institutionnelle de la chose et nous une vision pratique du terrain. En partant de ce constat, AMU s’est tourné vers la FAMI en sachant que c’était à nous, fédération étudiante, d’avoir ce rôle et d’aller à la rencontre des étudiants. Mais aujourd’hui, je pense qu’il faut qu’AMU aille chercher directement l’interaction et pas juste attendre qu’elle arrive. Il faut mettre en place des lignes d’écoute, faire des points relais sur les campus, faire des veilles d’informations avant et après les enseignements… Il n’y a qu’en allant toujours chercher les étudiants plus loin qu’on pourra s’assurer qu’il ait ne serait-ce qu’un dixième des informations qu’il doit avoir pour bénéficier d’un enseignement à peu près normal.

 

Lucy Ritchie