©Colombe Laferté

Le Haut Conseil à l’Egalité a publié, lundi 23 janvier, son cinquième rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France … et les résultats sont alarmants. Ce fléau ne recule pas dans le pays des Droits de l’Homme. Bien au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées.

Le lundi 23 janvier, le HCE a publié son 5ème rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France, mené avec l’institut Viavoice, grâce à un outil indicateur : le « baromètre sexisme ». Ainsi, ce sont 2500 hommes et femmes entre 25 et 34 ans qui ont été sondés. Le HCE dresse un bilan inquiétant : la jeune génération est la plus touchée et s’enlise dans le sexisme.

Le ton est donné dès la première phrase du bilan : « Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine ». Tel est le slogan de la campagne nationale de lutte contre le sexisme menée du 23 au 27 janvier 2023. Malgré des avancées importantes, le rapport dresse le constat d’une société française encore très sexiste dans toutes ses sphères. Derrière le fléau omniprésent dont sont victimes certaines femmes, se cache inévitablement l’ombre des violences conjugales. Entre 2020 et 2021, le ministère de l’Intérieur déplore une augmentation de 21%.

« Sexisme en France : la situation est alarmante et continue de se dégrader ». En écho au titre évocateur du quotidien anglais The Guardian, le constat sur le vécu du sexisme en France en 2022 est consternant. Selon le rapport du HCE, 37% des Françaises ont déjà subi un rapport sexuel non consenti. 22% des hommes de 25 à 34 ans ne voient pas le problème à ce qu’un homme gifle sa conjointe; ils affirment même qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Le sexisme s’ancre dans le quotidien de cette jeune génération. La moitié des femmes interrogées a déjà renoncé à sortir ou faire des activités seule ou à s’habiller comme elle le souhaite et 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer chez elles le soir. Ce phénomène ronge l’ensemble des sphères sociétales : les femmes subissent le plus de situations sexistes dans la rue et les transports (pour 57 % d’entre elles), au foyer (49%) ou encore dans le monde du travail (46 %).

Une lutte de tous les jours

Face à cette triste réalité, 82% des Français souhaitent voir la prévention et la lutte contre le sexisme devenir des sujets prioritaires dans l’agenda des pouvoirs publics. Néanmoins, 30% seulement de la population fait confiance au gouvernement pour mener à bien ce combat. Les réponses et les moyens déployés sont jugés insuffisants. Le HCE a alors proposé dix recommandations pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme présenté au président de la République mercredi 25 janvier. À l’issue de cette rencontre, de nombreuses décisions ont été prises. Parmi celles–ci :  la priorité donnée à l’éducation, à l’égalité et la mise en œuvre effective des séances prévues par la loi, la facilitation du retrait rapide des contenus dégradants et violents sur les plateformes numériques, la valorisation de la Convention d’Istanbul de lutte contre les violences faites aux femmes pour favoriser l’adhésion des pays non signataires, l’officialisation d’une journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier, la mise en place de missions parlementaires sur le traitement judiciaire des violences sexuelles et sexistes faites aux femmes.

Mais la lutte contre le sexisme rencontre un adversaire de taille : le « backlash ». Ce mouvement viriliste rassemble une partie des hommes qui se sent fragilisée et parfois en danger. Ses partisans réagissent dans l’agressivité au moyen de raids masculinistes sur les réseaux sociaux dans le but de réduire les femmes au silence ou de les discréditer. Cette vague antiféministe se traduit dans les chiffres : 33% des hommes interrogés pensent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société et 29% d’entre eux estiment que les hommes sont en train de perdre leur pouvoir.

5 ans après #metoo, le combat est encore long pour délivrer la société française du sexisme qui la gangrène.

Colombe Laferté