Nicolas Kremer, directeur général du célèbre parc gaulois, l’annonçait en exclusivité au Parisien ce dimanche 24 janvier : les locataires du Théâtre de Poséidon s’en vont. Les huit dauphins et les cinq otaries vont rejoindre d’autres delphinariums européens d’ici les deux prochains mois. La décision ne fait pas l’unanimité auprès des associations de défense des animaux. Un choix pourtant symbolique, puisqu’il intervient à la veille de l’examen, à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi de lutte contre la maltraitance animale.

              L’heure est venue de concrétiser un projet débuté il y a déjà trois ans. Les cétacés du Parc Astérix quitteront leur bassin de l’Oise pour, non pas retrouver la liberté, mais rejoindre d’autres delphinariums d’Europe. Il pourrait presque s’agir d’une victoire pour les associations et les ONG qui luttent depuis plusieurs années pour mettre fin à la captivité et l’élevage des animaux sauvages. Mais les réactions semblent plus nuancées. « Disons que c’est un moindre mal. Malheureusement, les animaux ne peuvent pas retrouver leur état sauvage, c’est impossible. Ils sont nés et ont été élevés en captivité, ça serait ‘les jeter dans la gueule du loup’ que de les réintroduire dans leur habitat naturel. Ils ne savent pas chasser, ils ne sauraient pas identifier un prédateur », reconnait Anthony, membre de l’une de ces associations.

Plusieurs solutions ont été envisagées par les équipes du Parc, mais c’est finalement celle élaborée avec l’Association Européenne des Mammifères Aquatiques qui a été retenue. Il s’agit de « la meilleure [solution] pour leur assurer de bonnes conditions de vie. Nous avons choisi l’Europe car nous savons que d’autres pays du monde n’offrent pas les mêmes garanties », se justifie Nicolas Kremer au Parisien.

Il y a bien une recherche de nouvelles solutions, plus proches des conditions naturelles, comme les bras de mer fermés qui permettent une certaine réhabilitation. Les sanctuaires se présenteraient comme une autre alternative mais ne sont aujourd’hui encore, qu’à l’état de projets en Europe.

Une décision à une date stratégique

Ce mardi 26 janvier, le vétérinaire Loïc Dombreval, député LREM des Alpes-Maritimes, était rapporteur du projet de loi contre la maltraitance animale devant l’Assemblée nationale, reprenant des engagements pris par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Ce texte prévoit notamment que la détention et la reproduction des cétacés en captivité soient interdites, tout comme leur participation à des spectacles. La fermeture des delphinariums entrerait en vigueur dans les deux ans pour les orques et dans les sept à dix ans pour les dauphins. Une période de réflexion de six ans serait mise en place pour déterminer les lieux où les animaux finiront leurs jours.

Pour Anthony, le jeune activiste, « il s’agit probablement d’un coup de com’ de la part du parc Astérix, le choix de la date pour cette annonce n’est pas anodin ». Pourtant, la direction affirme ne pas vouloir céder à une pression politique ni même « montrer l’exemple ». Il est davantage question de se « recentrer sur ce qui est [leur] activité principale. Nous ne sommes pas un parc animalier », précise son directeur général.

Aujourd’hui, en France, Planète Sauvage (44), Marineland (06) et Moorea Dolphin Center (Polynésie française) détiennent encore des cétacés en captivité. Si le projet de loi est adopté, ils seront amenés à se réinventer. « Certains cirques, notamment en Allemagne, remplacent les animaux par des hologrammes », raconte Anthony.

Lara Dubois