Comme tous les ans à la rentrée, le magazine L’Etudiant publie son classement des meilleures villes étudiantes de France. Cette année, peu de changements : le trio de tête n’évolue pas, la métropole Aix-Marseille-Provence conserve sa place. La sélection se fait sur des critères très précis et neutres, mais qu’en pensent les étudiants et leurs enseignants ?

10e sur 43 ce n’est pas une surprise. Tout du moins c’est ce que pensent les principaux intéressés, même si les avis divergent fortement. Le classement établi par le magazine L’Étudiant repose sur 16 critères composant cinq catégories neutres avec possibilité d’obtenir des points bonus (présence de transports nocturnes par exemple). Ces catégories portent sur la vie étudiante, l’attractivité, la formation et enfin l’emploi et le dynamisme. Le magazine s’est appuyé sur les bases de l’INSEE et les sites internet des régions, évitant ainsi la subjectivité des étudiants eux-mêmes. La rédaction précise que le point fort de la métropole Aix-Marseille, est son climat.

Les étudiants que nous avons interrogés ont leur idée sur ce qui permettrait à la métropole de grimper dans le classement.

« Un système de transports en commun plus efficace, notamment en ce qui concerne les voyages entre Marseille et Aix-en-Provence », explique Nina en première année d’Histoire. « Les autorités locales gagneraient selon moi à s’inspirer du réseau de transports francilien, dont les RER permettent à n’importe qui de traverser la région de manière fluide et en un temps record. »

Manon, étudiante à Aix, pointe du doigt la diversité des transports : la mise en place « des trottinettes électriques en libre accès, des vélos, des tramways… » semble être pour elle la solution. Il est également question pour certains d’améliorer la coordination entre les différentes formations et administrations de l’Université Aix-Marseille ou de mettre en place des transports nocturnes.

Le constat est sans appel pour un grand nombre d’élèves au sujet du montant des loyers : la mise en place ou la revalorisation des aides étudiantes serait une plus-value.

Des enseignants tout autant concernés

Si ce classement s’adresse aux étudiants, cela n’empêche pas le corps enseignant de réagir face à ces résultats. Dominique Augey, enseignante à Aix-Marseille Université, souligne que le classement regroupe Aix et Marseille en une seule et même ville. En réalité, les conditions d’étude dans les différentes parties de la métropole sont radicalement différentes : « étudier à Aix n’a rien à voir avec étudier à Saint-Jérôme (Marseille), Aubagne ou encore Salon, des villes qui accueillent de l’enseignement supérieur et sont membres de la métropole. »

Chacune des communes rencontre également des problématiques qui leur sont propres. Sur la question du logement, l’enseignante a aussi un avis : là où les cités universitaires aixoises croulent sous les demandes, celle de Saint-Jérôme ne se remplit pas suffisamment à cause de la sécurité dans le quartier. 

Ce problème lié au logement ne s’applique pas qu’aux cités universitaires. La forte population d’étudiants à Aix entraîne une augmentation considérable des loyers, malgré une offre toujours supérieure à la demande. Ce qui oblige certains à se loger en périphérie et à recourir aux transports en commun. L’attractivité de la ville d’Aix n’est plus à prouver, mais son accessibilité ne l’est pas toujours. Cela contribue, peut-être, à fausser le résultat de ce classement qui ne représente pas de réalités concrètes. 

Dans un autre classement publié par le magazine, de leur point de vue la métropole Aix-Marseille ne se classe qu’en 28ème position, avec un taux de recommandation de 82,14%. Classement effectué uniquement à partir de témoignages étudiants.

Un classement à prendre à la légère ?

Lors de notre rencontre, sur l’ensemble des étudiants interrogés, seulement 25% étaient au courant de l’existence du classement. Ce qui remet en cause son intérêt. D’autant que, dans un autre palmarès publié par le média Thotis, la métropole se place cette fois en 16ème position. Ici, accessibilité, attractivité, dynamisme économique, qualité et coût de la vie sont les critères retenus. Impossible en revanche d’obtenir plus de précision sur les notes. Reste donc la réalité de chaque rentrée, que le professeur Augey connaît bien : « on n’étudie pas dans une métropole, mais dans une ville qu’on choisit ». 

Sarah DEPREZ et Eline NAVARRO