CAP, BTS, Bac professionnel… Aujourd’hui la France propose de plus en plus de formations professionnalisantes aux jeunes. Des études courtes avec, à la clef une insertion plus fluide sur le marché de l’emploi. 

420 000 contrats conclus pour la seule année 2020. Une hausse de 19 % du nombre d’apprentis la même année. Les chiffres records du ministère du Travail traduisent un réel intérêt chez les adolescents. Un nombre toujours plus croissant d’entre eux se tournent vers ces études moins « classiques », où cours et stages fusionnent.  

« L’intérêt pour les formations courtes, professionnalisantes, est très important » souligne en effet Sophie Ghigo, professeure d’atelier en BTS opticien-lunetier et en Bac pro optique. Cette pédagogue du CFA des Arcs-Draguignan reconnait volontiers l’avantage majeur pour les étudiants « cela permet de rentrer rapidement dans le monde du travail et d’avoir une indépendance vis-à-vis de la famille. Ce sont des diplômes relativement « faciles » qui donnent accès à un métier reconnu dans le domaine du para-médical ». 

Jade Lecomte, une de ses élèves en 1ère année du BTS, reconnait les mêmes vertus « c’est un véritable avantage de commencer une formation dans le monde professionnel car tu apprends beaucoup plus de choses en travaillant plutôt qu’en cours, où c’est très théorique ». Pour cette jeune femme, la possibilité de se lancer tôt dans la vie active se présente comme une occasion parfaite pour en apprendre davantage. Actuellement, cette future opticienne réalise un stage au sein d’un magasin spécialisé, en parallèle de ses cours. Un accompagnement vers la sphère du travail, favorisé par les entreprises elles-mêmes. « C’est un secteur qui recrute beaucoup. J’ai même eu plusieurs réponses favorables. », avance Jade. 

Un avis partagé par Romain Peli, employé dans une entreprise de ferronnerie d’art à Fréjus. Pour cet ancien élève en CAP, pas de doutes « bien sur qu’il y a un vrai plus. J’ai un travail depuis la fin de mon CAP, et j’ai pu m’acheter un appartement ». Ce jeune actif l’assure : les formations professionnalisantes peuvent être un bon moyen de se découvrir une vocation, voire une passion « petit à petit je me suis orienté sur ce chemin. Maintenant mon métier est devenu une passion et j’en suis très fier. ». 

Et après l’alternance ? 

Ce n’est un secret pour personne : le diplôme ne fait pas tout. On sait de nos jours que beaucoup de jeunes diplômés rament de nombreux mois avant de trouver un travail en adéquation avec leurs envies. Souvent, les employeurs ont du mal à faire confiance et préfèrent embaucher des personnes expérimentée. 

Là encore, les études professionnalisantes semblent dégager un avantage considérable. Romain, l’artisan de 21 ans, a vite saisi l’utilité de se mettre, littéralement, au travail dès que possible « je n’ai pas eu trop de difficultés à trouver une entreprise ; c’était celle où j’avais passé mon stage de 3ème. Ça a sûrement facilité les recherches pour la suite ». Une aubaine qui pourrait bien impacter ses choix futurs. Pour préparer le reste de sa vie active, cet ancien rugbyman sait qu’il est désormais capable de se débrouiller seul. Grâce à une forte expérience acquise au fil des années, il voit plus loin : « par la suite peut-être que je monterai ma propre boite de ferronnerie d’art. ».

Du côté de Jade, l’avenir est envisagé de toute autre manière. Pas encore détachée à 100 % des études, elle sait que le savoir et les connaissances obtenus en classe demeurent importants. Ainsi, elle envisage d’agrémenter son CV de nouveaux diplômes, tout en conservant la dimension professionnelle « je pense continuer en faisant une licence professionnelle en alternance. Je ne me vois pas retourner en cours tous les jours. ». Un chemin pour lequel beaucoup de diplômés optent également. Selon son enseignante, Sophie Ghigo, «  un étudiant sur deux poursuit en licence puis master. L’autre moitié de la promo obtient un CDI très rapidement et facilement. ».  

Entre insertion directe dans une entreprise, souvent celle du stage, et poursuite des études pendant une ou deux années supplémentaires, les formations en alternance ne manquent pas de ressources pour motiver les jeunes. Souvent mises à l’écart par les conseillers d’orientation, elles représentent pourtant un véritable atout pour une multitude d’élèves, afin d’aborder plus sereinement leur futur personnel. 

Quels inconvénients à ce parcours ? 

Malgré de nombreux positifs, tout n’est pas rose non plus. L’ancien élève de CAP déplore un manque de vie sociale par rapport à un cursus classique « lycée général – université ». Pas de regrets bien entendu, car au final il se rend chaque matin dans son atelier avec la même passion, mais il s’interroge « je me demande juste : est-ce que j’aurais eu une vie sociale différente si j’avais fait un parcours en lycée général ? Mais sinon je ne regrette pas du tout ce choix. ».

Pour Jade, plus d’opportunités que de désagréments, même si des dérives existent « il y a certaines entreprises qui embauchent juste pour la main d’œuvre pas chère. Il faut donc faire attention ». Une situation dans laquelle elle ne se trouve pas, ce qui n’est malheureusement pas le cas de tous ses collègues. « Dans l’entreprise où je suis on prend le temps de me montrer et de m’apprendre, d’autres personnes de ma classe ne sont pas formées ». 

Hugo Messina