Si les symboles de la royauté sont toujours aussi populaires, ce n’est pas forcément le cas du nouveau Roi.  Photo©DJC

Avec le décès de la reine Elizabeth II, une page, longue de 70 ans, s’est tournée. Son fils Charles III, moins populaire, va lui succéder et les défis qui l’attendent semblent immenses. Intronisé ce 10 septembre, il fait déjà face à une interrogation : l’institution va-t-elle résister au décès de la reine ?

La tâche ne s’annonce pas si ardue au Royaume-Uni malgré les mouvements indépendantistes écossais et nord-irlandais. Cependant, la survie de la monarchie dans certains pays du Commonwealth semble moins évidente. La Barbade est devenue une république et Elizabeth II a cessé d’être la cheffe de l’Etat en 2021. D’autres pays pourraient lui emboiter le pas. La Première ministre néozélandaise avait ouvert la porte à une indépendance vis-à-vis de la couronne une fois le départ de la reine acté. La Jamaïque, le Canada et l’Australie pourraient eux-aussi prendre leurs distances avec la famille royale. Ces poussées anti-royauté se retrouvent également à l’intérieur du Royaume. Certains pro-républicains, à commencer par les jeunes et les minorités ethniques, dénoncent un concept conservateur, anti-démocratique et trop coûteux.  

Une institution extrêmement puissante

Toutefois, cette idée reste encore marginale outre-Manche. La monarchie n’est pas encore considérée comme « has been ». La couronne a traversé de nombreuses tempêtes. Brexit, coronavirus, querelles familiales, scandales du prince Andrew… Chaque fois, elle a semblé au-dessus de la mêlée. Le décès de la monarque la plus célèbre du monde ressemble à une épreuve de plus. Mais encore une fois, l’institution devrait la surmonter. Les Britanniques adorent les traditions et la monarchie est la plus grande d’entre elles. La vie de la famille Winsdor est le plus vieux récit du Royaume et les Anglais (entre autres) ne veulent pas voir l’histoire toucher à sa fin. 

La question n’est pas de savoir si Charles III va régner mais plutôt de déterminer à quelle catégorie de souverain il appartient. A 73 ans, l’ancien prince de Galles va-t-il opter pour un règne de transition avant de laisser la place à son fils William ? Ou au contraire, utilisera-t-il son influence pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur pour s’affirmer comme un chef d’Etat actif ? Ces derniers mois, pendant lesquels il représentait déjà la couronne à l’étranger, font pencher pour la deuxième option. En effet, le nouveau roi n’est pas avare en prises de position. Grand défenseur de la cause écologique, il n’a pas hésité à soutenir l’Ukraine et à critiquer ouvertement l’invasion russe. Désormais, son défi est de respecter les traditions liées à la couronne tout en évoluant avec les idées de son époque. Sa mère a réussi à trouver cet équilibre délicat. S’il y parvient à son tour, les Anglais seront fiers de chanter « God Save the King ».

Raphael Hazan