Depuis le 30 octobre, la France est de nouveau confinée. Encore une fois, c’est aux forces de l’ordre de veiller au respect des restrictions qui s’imposent à toute la population. Une routine identique à celle du mois de mars pour les agents mobilisés ? Pas exactement.

Même peu observateur, un habitant de métropole peut confirmer qu’à certaines heures de la journée, les rues sont loin d’être vides. Ce deuxième confinement semble plus souple. Les motifs dérogatoires demeurent plus nombreux. Il parait donc logique d’observer plus de monde sur la voie publique. Pour autant, la police n’a – jusque là – pas observé davantage de violations qu’au mois de mars.

Ce mercredi 4 novembre, 3000 verbalisations ont eu lieu. En sachant que 8 000 policiers et gendarmes sont réquisitionnés, il est inutile de sortir la calculatrice pour constater que tous n’ont pas réclamé les 135 euros en cas de sortie injustifiée. On peut y voir une certaine souplesse de la part des forces de l’ordre. Toujours est-il que le total d’amendes recensé ce mercredi est presque aussi élevé que celui dénombré lors des trois premiers jours de confinement réunis. Depuis lundi, les contrôles se sont relativement durcis mais le discernement reste au cœur des consignes délivrées par les chefs de service, qu’il s’agisse d’encadrer les piétons, les véhicules ou les établissements recevant du public. Devant les nombreux déplacements justifiés par un motif professionnel, certains policiers évitent les heures de pointe pour se focaliser sur les moments de la journée où les mouvements semblent a priori plus douteux. Les individus contrôlés, avec l’expérience du premier confinement, semblent bien rôdés à l’exercice. La plupart d’entre eux possède une attestation où un des neufs motifs est coché. Mais quelques rares personnes dérogent à la règle et n’hésitent pas à formuler une excuse incertaine. C’est en tout cas ce que nous a raconté une source policière. Pour échapper à l’amende, des passants « jurent se trouver à dix minutes de leur domicile » et des coureurs affirment « trop transpirer pour avoir une attestation » sur eux.

Pour la police, la différence la plus significative avec le premier confinement provient du maintien de son activité judiciaire. Une commissaire qui travaille au niveau ministériel sur l’organisation du confinement nous a expliqué que « les contrôles ne doivent pas faire oublier à la police ses autres missions ». Et en ce moment, ces missions sont nombreuses. La menace terroriste et la surveillance accrue des lieux de culte et des établissements scolaires alourdissent les journées. Bien sûr, le travail quotidien des forces de l’ordre doit également continuer. Ça tombe bien, « veiller au respect de la quarantaine est peu attrayant et les policiers préfèrent travailler sur la délinquance ». Justement, si pendant le précédent confinement le nombre de gardes à vue avait considérablement diminué, cette fois il ne devrait pas connaître une telle chute. En revanche, la « délinquance d’opportunité », comme les trafics de masque ou de matériel médical, ne devrait pas se reproduire. Enfin, l’attention de la police se concentre particulièrement sur les violences conjugales : « nous aurons comme lors du premier confinement une vigilance particulière sur ce délit, et les interventions le concernant seront priorisées ».

A la différence des mois de mars et avril, l’activité policière ne se limite plus aux contrôles des déplacements. Mais ralentir la circulation du virus demeure un enjeu essentiel. La police, dont les agents ont été quatre fois plus touchés par le coronavirus que le reste de la population entre mars et mai, en a parfaitement conscience.

Raphaël Hazan