Mercredi soir la prise de Parole du ministre de la santé Olivier Véran a sonné comme un coup de massue pour deux territoires français. Celui de la Métropole Aix-Marseille et de la Guadeloupe, seules zones classées en alerte maximale au coronavirus. Conséquences : fermetures totales des bars et restaurants. La décision prend effet dès samedi en Guadeloupe. A Marseille, les élus ont réussi à obtenir un délai de 24h, repoussant la fermeture à dimanche. Une mesure accueillie différemment dans les deux endroits du globe.

Un peu moins de 7000 kilomètres les séparent. Ils sont pourtant soumis aux mêmes mesures de restrictions. Fermetures des bars et des restaurants dès ce week-end pour les Guadeloupéens et les Marseillais, dont les départements sont classés par l’Etat en zone d’alerte maximale au coronavirus . Une nouvelle lourde de conséquences, pour un secteur déjà durement touché par les fermetures de ces derniers mois. La contrainte durera au moins 15 jours selon le ministre la santé Olivier Véran.

Depuis hier matin les réactions se multiplient de Point-à-Pitre à la cité phocéenne. La Mairie de Marseille demande au gouvernement le report de 10 jours de cette décision. « Rien ne justifie cette annonce » selon la maire de la ville, Michelle Rubirola. De son coté le président de la Région PACA a déposé hier un recours en référé-liberté contre cette mesure. Renaud Muselier y voit une atteinte disproportionnée à la liberté d’entreprendre. A Aix-en-Provence, Céline, cafetière, ne comprend pas non plus cette annonce. «  C’est n’importe quoi, on n’a pas besoin d’en arriver là. Le but c’est de tuer les commerces et de faire taire les Marseillais » réagit-elle, exaspérée. Samiah Ghali, deuxième adjointe de la Ville a ajouté vendredi matin « la police municipale ne verbalisera pas les bars et les restaurants ouverts, elle a d’autres missions« . Pourtant, de l’autre coté de l’océan Atlantique on semble prendre la mesure avec plus de philosophie.

Jusqu’ici relativement épargnée par le COVID19, la Guadeloupe se retrouve embarquée depuis quelques semaines maintenant dans la tourmente de l’épidémie. Bars fermés dès 22h, interdiction de vendre d’alcool à emporter et de pratiquer la danse… Les mesures se sont multipliées face à l’augmentation des cas. La semaine dernière le bilan de l’Agence Régionale de Santé a confirmé  les inquiétudes : 16 morts en seulement 7 jours pour l’archipel. Une réalité que Clarisse, Normande installée en Guadeloupe depuis plusieurs années, explique facilement.  « Jusqu’à cet été, on a été plutôt épargné par le virus. Pendant les vacances, il y a eu beaucoup de brassage avec les touristes et le retour des ultra-marins installés en métropole. Depuis, nous sommes en zone rouge » explique cette rousse flamboyante. Pourtant contrairement aux habitants des Bouches-du-Rhône, la jeune femme prend du recul sur les dernières mesures annoncées  » Personnellement je ne me plains pas, j’ai un grand terrain de 4000 m2, un jacuzzi, un billard… On va attendre que ça passe. Il n’y a que ça à faire ».

Si à Marseille nombreuses sont les voix à s’élever contre une décision considérée comme unilatérale, dans le département ultra-marin le préfet a, lui, décidé de durcir encore les mesures. Au delà des annonces ministérielles,  Alexandre Rochatte a annoncé jeudi l’interdiction de l’accès aux plages, aux rivières et aux plans d’eau entre 11h30 et 14h30 et entre 19h et 4h du matin. Les voyages vers Saint-Martin ou la Martinique sont suspendus pour le moment. Enfin le protocole concernant les lieux de culte devraient être revu d’ici peu. « S’il n’est pas respecté, les célébrations devront être repoussées » a prévenu le préfet. Des mesures contraignantes donc, pour les Guadeloupéens, mais surtout pour les restaurateurs, dont les établissements n’ont rouvert qu’en juin dernier. Pourtant, Tristan, gérant d’un restaurant à Saint-François, refuse de voir les choses en noir « On s’y attendait un peu, cette fermeture va être catastrophique pour nos finances mais la santé passe avant l’argent. On trouvera bien une façon de se remettre sur pied quand l’épidémie se calmera. » Une façon de résumer toute la philosophie guadeloupéenne, à l’image de ce proverbe bien connu de l’archipel  « Tout mal a son remède. »

Jean-Baptiste Robert