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Le Président Emmanuel Macron est officiellement en lice pour la course à l’Élysée. Cette annonce a été faite par le biais d’une lettre parue ce vendredi 4 mars 2022, dans la presse quotidienne régionale.

“Je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de président de la République”. C’est désormais officiel. Emmanuel Macron a fait le choix d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle 2022 via une lettre publiée dans la presse quotidienne régionale. Un courrier intitulé : “Lettre aux Français". Les grands quotidiens régionaux l’ont annoncé jeudi 3 mars dans l’après-midi, dès qu’ils ont été informés. Néanmoins, cette lettre n’a été mise en ligne sur leur site internet qu’à partir de 20 heures. On peut la retrouver sous forme papier aujourd’hui, vendredi 4 mars 2022 dans les kiosques. Dans le contexte particulier de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a attendu le dernier moment pour officialiser sa candidature à la plus haute fonction de l’État. En effet, la date butoir de dépôt des parrainages au Conseil Constitutionnel est fixée à ce vendredi 4 mars 2022, 18 heures. Cette entrée en campagne est donc marquée par la sobriété et le désir de se rapprocher des Français. Dans sa lettre, le président de la République commence par aborder les différentes crises que la France a traversées ces cinq dernières années. Entre attentats, pandémie et l’arrivée de la guerre en Europe, Emmanuel Macron semble vouloir renouveler son quinquennat. Il souhaite mettre en place les mesures prévues en 2017, qui n'ont pas pu voir le jour. Il énonce ensuite les grands points de son bilan : baisse du chômage, investissements dans les hôpitaux, hausse du nombre de fonctionnaires et baisse des impôts. Le président-candidat écrit qu’il renforcera l’alliance européenne dans l’objectif de bâtir une “Europe puissante”, en référence aux événements en Ukraine. Il assume ses échecs,  “il est des choix qu'avec l'expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment” mais rappelle que ses décisions ont permis à “la France de gagner en indépendance”. Ancien ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique sous François Hollande, Emmanuel Macron affirme vouloir placer “la France en tête” dans les secteurs d’avenir tels que “les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l'agriculture, le numérique, ou le spatial”. Il évoque également le sujet de l’école en affirmant vouloir promouvoir l’égalité des chances et “la méritocratie républicaine”. Le candidat veut augmenter les salaires des enseignants. Au vu du récent scandale dévoilé par le journaliste Vincent Castanet sur les conditions déplorables dans les Ehpad, Emmanuel Macron fait part de son intention d’investir dans “le grand âge” afin de “rendre les maisons de retraite plus humaines”. Il précise également que la lutte contre les déserts médicaux fait partie de ses engagements pour les cinq prochaines années. Dans la fin de sa lettre, le candidat explique son ambition d’investir dans “nos forces de sécurité et notre justice” avec un objectif clair : “former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains”. Parce que les expatriés représentent un électorat à ne pas négliger, le candidat rappelle qu’il est allé à la rencontre de ces “compatriotes vivant à l’étranger”. Il finit sa missive par un message d’espoir, “ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d'une nouvelle époque française et européenne”. Ce courrier long d’une page s’achève par le slogan du président désormais candidat, “Avec vous. Pour vous. Pour nous tous”.

Candidature sous forme de lettre : qu’en pensez-vous ?

Yan-Slan, 22 ans, étudiant en archéologie, Aix-en-Provence

« Je pense que ce n’est pas le meilleur moyen de parler à son peuple. J’aurais préféré une annonce ou une communication dans les médias télé ou les réseaux sociaux. Ça aurait été mieux, plus vivant. Là je pense que les gens ne vont même pas la lire. À titre personnel je suis polonais et bulgare et ça ne me donne pas envie de m’y intéresser alors que je vis en France ».

Clara, 19 ans, étudiante en droit, Aix-en-Provence

« Personnellement ça m’importe peu la façon dont il annonce sa candidature. Ça ne m’étonne pas et ça ne me déçoit pas non plus. Je pense quand même qu’une déclaration à la télévision aurait été plus logique. C’est le Président quand même ! Les autres n’ont pas fait de lettre donc pourquoi lui il se permet ça ? »

Emmanuel, 23 ans, ouvrier-paysagiste, Aix-en-Provence

« Ce n’est pas terrible d’annoncer sa candidature par une lettre. J’ai l’impression qu’il nous dit un peu « lisez ça et débrouillez-vous ». J’aurais préféré plus de communication. Après, avec la guerre, je me dis qu’il n’a pas vraiment le temps pour ça. On ne sait pas ce que nous aurions fait à sa place. Le Président doit s’occuper de son pays. »

Un format qui n'est pas nouveau

La  lettre du président de la République Emmanuel Macron n’est pas sans rappeler celle du 7 avril 1988 signée François Mitterrand. Deux semaines avant le premier tour, le premier président socialiste de la Vème République a publié une “lettre à tous les Français” de 18 000 mots et 47 pages, répartie en sept chapitres. Il abordait 57 thèmes qui constitueront les fondements de son programme électoral. Cette idée lui a été plutôt bénéfique, puisqu'il l'a emporté au second tour avec 54% des voix. Procédé utilisé également par le candidat Nicolas Sarkozy en 2012, dans une “lettre adressée au peuple français” pour annoncer son programme. Il avait choisi de diffuser ses 34 pages sous forme numérique par mail, et également de les imprimer en plus de six millions d'exemplaires. Il avait doublé cette annonce sur le plateau de TF1 en répondant aux différentes questions de Laurence Ferrari. Toutefois, ce format de lettre reste plutôt original. Charles De Gaulle a annoncé sa candidature depuis l'Elysée dans une déclaration solennelle retransmise à la télévision. C’est le cas également du président Valéry Giscard d’Estaing en lice face à Mitterrand : il s’est déclaré le 2 mars 1981 aux côtés de son épouse. Par ailleurs, l’une des candidatures les plus surprenantes reste celle de Jacques Chirac lors d’un déplacement à Avignon. Il se détache du discours solennel, où de l’interview télévisée. Autre annonce notable, celle de Lionel Jospin en 2002 envoyée sous forme de fax ayant renoncé à faire une lettre. François Hollande restera le seul président de Ve République à ne pas se représenter.

Les réactions des autres candidats

Fabien Roussel (PCF) : « Au bout de 5 ans, Macron envoie une lettre aux Français. Mais les factures qui flambent, c’est tous les mois. Les salaires et les retraites qui stagnent, pareil […] » – Source : Twitter

Jean-Luc Mélenchon (LFI) : « On aurait pu s’attendre à une lettre d’excuses. » –  BFM TV

Yannick Jadot (EELV) : « La lettre d’Emmanuel Macron qui annonce sa candidature attendue, propose le même quinquennat en pire. » –  Public Sénat

Anne Hidalgo (PS) : « L’annonce du président sortant est sans surprise. Cela fait des mois que le président Macron est au service du candidat Macron. Le débat démocratique que je demande, projet contre projet, va enfin pouvoir se tenir. » –  communiqué publié sur le site de la candidate.

Valérie Pécresse (LR) : « Dans sa lettre aux Français, il propose de faire en tant que candidat le contraire de ce qu’il fait en tant que Président » – France info

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France): « Français, ne vous laissez pas duper par la lettre grandiloquente et creuse d’Emmanuel Macron ! Méditez ce proverbe : « si quelqu’un te trompe une fois, honte à lui. Si quelqu’un te trompe deux fois, honte à toi. » – Twitter

Marine Le Pen (RN) : « Il est responsable de toutes les crises qui sont intervenues durant son mandat. » – Émission Élysée 2022

Éric Zemmour (Reconquête !) : « Emmanuel Macron, vous vous décidez à annoncer votre candidature : notre face-à-face peut donc commencer. » – YouTube

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Jean Lassalle (Résistons !) et Philippe Poutou (NPA) n’ont quant à eux pas encore réagi au moment où nous rédigeons cet article.

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