Depuis que cet article a été écrit, une trêve entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a été signée depuis Moscou. Cependant, celle-ci est déjà menacée suite à de nouveaux affrontements dans la nuit de samedi à dimanche. 

La guerre du Haut-Karabagh, qui avait pris fin en 1994 malgré  de fréquents coups de chaud, a repris. Cette zone où vivent quelques 150.000 personnes enclavées entre deux nations, est victime des bombardements azéris depuis le 27 septembre.
Pour le président de l’association Fra Nor Seround (Nouvelle Génération en Français), Sacha Vaytet, la diaspora arménienne en France et dans le monde a un rôle à jouer dans le conflit.

Rédaction JCO : Pouvez-vous décrypter l’origine du conflit ?

Sacha Vaytet : Le Haut-Karabagh (en arménien Artsakh) est une terre historiquement arménienne et peuplée majoritairement d’Arméniens. Aujourd’hui plus de 99% de la population qui y vit est arménienne. Offerte à l’Azerbaïdjan en 1921 par Staline, l’Artsakh a commencé à réclamer son rattachement à l’Arménie au moment de l’effritement de l’URSS en 1988. Manifestations réprimées dans le sang par l’Azerbaïdjan. Les arméniens sont tués et chassés au cours de pogroms à Bakou, Kirovabad et Soumgait. Les Arméniens décident alors de prendre les armes et remportent, en 1994, une victoire militaire forçant ainsi l’Azerbaïdjan à signer un cessez-le-feu.

JCO : Et depuis 26 ans, ce territoire vit-il en paix ?

SV : Non, l’Azerbaïdjan viole quotidiennement ce cessez-le-feu. En 2016, ils ont essuyé une nouvelle lourde défaite après avoir lancé une offensive de grande ampleur sur l’Artsakh (la guerre des 4 jours en avril 2016). En juillet dernier ils ont tenté de s’en prendre directement à l’Arménie dans la région du Tavouch. Et depuis dimanche dernier ils ont lancé leur plus grosse offensive, bombardant et tuant des civils. Ils sont soutenus publiquement, tactiquement, militairement et physiquement par la Turquie.

JCO : Vous demeurez convaincu que les Arméniens de France ont un rôle à jouer pour faire gagner la guerre des idées ?

SV : Au delà d’un combat des idées, c’est surtout un combat de vérité et de justice. Chacun dans le monde doit pouvoir vivre librement et en paix et non dans la peur et le sang comme les Arméniens d’Artsakh. Arriver à mobiliser ici, c’est important pour montrer à la société française que notre cause compte, pour faire connaître la vérité à tous les Français et contrer les mensonges du lobby azéri. Enfin, c’est aussi et surtout des appels à la paix qui sont faits lors de chaque manifestation en France.

JCO : Quelles sont les revendications de votre association ?

SV : Elles sont simples : une paix immédiate en Artsakh et un arrêt des bombardements, la reconnaissance internationale de la République d’Artaskh en tant que tel. Pour finir, des sanctions de l’Union Européenne et de l’Otan envers la Turquie qui, rappelons-le envoie des mercenaires djihadjistes venus de Syrie pour combattre avec les forces azéries.

JCO : Comment accueillez-vous les réactions des personnalités politiques françaises ?

SV : La classe politique française est unanime. 176 personnalités politiques ont signé une tribune demandant à la France de durcir sa position dans le groupe de Minsk, missionné par l’OSCE pour trouver une solution de paix durable, et de condamner l’Azerbaïdjan. Le président de la République Emmanuel Macron a clairement souligné que les forces Azerbaïdjanaises étaient à l’origine de ces attaques sans raison apparente. Nous souhaitons maintenant que la France reconnaisse le droit à l’autodétermination de ce peuple et qu’elle reconnaisse l’Artsakh officiellement.

JCO : Avec votre association, avez-vous mis en place des actions pour venir en aide à la population du Haut-Karabagh ?

SV : Pour ce qui est de l’aide humanitaire et financière, nous nous sommes joints aux collectes des Maisons de la Culture d’Issy-les-Moulineaux, Alfortville et Décines. A Marseille et Valence également avec toutes les associations en place comme la Croix Bleue des Arméniens de France, FRA Ugab, la JAF et les églises. Au niveau des récoltes de fond, c’est pareil,  nous lançons des appels aux dons pour le Fonds Arménien de France à la CBAF. Le groupe de Lyon a également ouvert une cagnotte en ligne le lendemain du début de la guerre.

JCO : Avez-vous prévu de vous rendre dans le Haut-Karabagh ?

SV : Nous avons quelques camarades qui vont sans doute s’y rendre. Une fois que la guerre sera finie, évidemment nous mettrons en place des projets pour venir en aide à la reconstruction.En attendant nous avons nous aussi notre rôle à jouer ici en France, pour mobiliser la classe politique et la communauté.

Léo Khozian