Quand associations riment avec protection
6 mai 2021
Seul Parc national à la fois marin, continental et périurbain, les calanques regorgent de richesses. Ses paysages idylliques, à découvrir à terre ou en mer, peuvent attirer en saison jusqu’à plusieurs milliers de visiteurs par jour. Sa biodiversité remarquable s’en trouve menacée.

Des actions de nettoyage indispensables et fédératrices

Les initiatives se multiplient pour tenter de pérenniser cet espace naturel. Nombre d’associations se sont créées ces dernières années pour soutenir les actions de sauvegarde mises en place par le Parc national des Calanques. Parmi les plus connues, MerTerre, qui a vu le jour dès les années 2000 à l’initiative d’Isabelle Poitou, ou Clean my Calanques, fondée en 2017 par Eric Akopian. Cette association a permis de ramasser plus de 29 tonnes de déchets dans le Parc. « On a commencé les clean walk à huit, aujourd’hui on peut rassembler jusqu’à 180 personnes » confie le président de Clean my Calanques.

Début mars 2021, l’association est venue déblayer une décharge à ciel ouvert près de l’ancienne piscine de Luminy. La zone protégée était envahie de pneus, de déchets du bâtiment, d’une vieille cuve d’huile. Face à l’ampleur de la situation, la bonne volonté des bénévoles n’a pas suffi. L’appel lancé par Eric Akopian sur les réseaux sociaux a été entendu par la municipalité qui a envoyé tracteurs et pelles sur place.

L’énergie de tous ces volontaires est le moteur des mouvements de nettoyage et de préservation des calanques. Alexis, 26 ans, participe régulièrement à ces événements. « Évidemment, en ce moment, on récupère plein de masques, c’est un vrai fléau. Ils sont légers, avec le mistral on en retrouve partout. Ils sont faits en partie de plastique. Si on les laisse traîner, ils resteront entre 450 et 1300 ans dans l’environnement ». Tous les acteurs de la protection des calanques le reconnaissent, il faut passer à l’action mais le ramassage n’est pas suffisant.

Eduquer et sensibiliser

Pour s’emparer de la problématique à la source, éduquer et sensibiliser est essentiel. D’après les chiffres de l’office du tourisme de Marseille, 106 340 personnes ont été renseignées sur la faune et la flore locales par les éco-gardes, au cours de l’été 2019. Cette action est assurée par des agents d’information du Parc et des volontaires en service civique. Le dispositif éco-gardes a été lancé en 2004 et plus de 800 000 visiteurs ont été informés depuis. Le Parc anime aussi le réseau Éducalanques qui rassemble des associations d’éducation à l’environnement et des institutions, pour construire un projet éducatif.

Les associations se rendent dans les quartiers sensibles, les centres sociaux et dans les écoles. « On vient parler d’environnement, proposer des ateliers de création et si les conditions le permettent, on sort faire un ramassage avec eux. Comme ça on lie la théorie et la pratique », détaille Eric Akopian. Cette initiation auprès des plus jeunes rend l’association optimiste. « La clé du succès, c’est la sensibilisation des enfants dans les écoles. Ce sont eux qui, ensuite, éduquent leurs parents ». Plus encore, les groupes de protection des calanques pointent les habitudes de consommation qui pourraient être améliorées.

Une nouvelle stratégie de « démarketing »

Les opérations pour des calanques propres ont lieu tout au long de l’année mais dans le contexte sanitaire actuel, le Parc a mis en place une stratégie toute particulière. L’« eau froide », l’« accès difficile » et les photos de plages surpeuplées sont venus remplacer les images paradisiaques qui faisaient jusqu’alors la promotion des lieux. La stratégie de démarketing est en marche afin de lutter contre la surfréquentation, en ces temps de pandémie.

L’intégralité des propos d’Eric Akopian se retrouvent sur le podcast #51 de Citéradieuse

Lara Dubois