© Damien Frossard
Pour voir le jour, certains films s’inspirent volontairement d’autres films. Cars 2 en est le parfait exemple. Si le premier opus a été une véritable révélation lors de sa sortie en 2006, John Lasseter s’est clairement laissé influencer par l’un des thèmes mythiques du septième art : James Bond et les agents secrets. Entre répliques cultes et parodie, le réalisateur n’a pas hésité à faire référence à l’agent 007 pour enjoliver son œuvre.

L’agent secret est aujourd’hui un héros indémodable. Il ne se passe guère de semaine sans qu’un 007, un 117 ou un Fin McMissile ne fasse son apparition sur les écrans. C’est le cas de Cars 2, qui joue la carte de la facilité après avoir démarrer sur les chapeaux de roues lors du premier long-métrage de la saga. Les producteurs ont décidé de passer la seconde en s’appuyant sur la sortie événement de l’année 2011, Skyfall, pour écrire leur scénario.

Car oui, le deuxième acte des aventures de McQueen est carrossé comme un film d’espionnage : action à la Jason Bourne, méchant à la James Bond, agent britannique à la Harry Palmer, espionne qui cligne des phares style James Bond Girl. Tout est bien huilé pour nous faire penser à l’agent le plus célèbre au monde. À tel point que notre bien-aimé bolide rouge se fait voler la vedette par un autre Mac, Finn McMissile, réplique de la fameuse Aston Martin DB5.

Cars 2, en résumé, c’est le 26ème film de la saga James Bond. Sauf qu’à la place des gentils il y a des voitures. À la place des méchants il y a des voitures. Et à la place des figurants … encore des voitures.

Dès le départ le dessin animé nous met dans l’ambiance 007. La scène d’ouverture annonce la couleur. Tous les ingrédients sont présents. Des gadgets, un Mac Missile digne héritier de Sean Connery, un professeur Zündapp diabolique avec un semblant nazi (évidemment) et une intrigue complotiste sur fond de firmes pétrolières machiavéliques.

Cars 2 ou le triomphe de l’agent secret

Du point de vue esthétique, la ressemblance est également troublante. À commencer par le personnage de Finn McMissile inspiré de la voiture légendaire de la saga James Bond. Et pour enfoncer le clou, Pixar a fait appel à la voix de Michael Caine. L’acteur britannique s’est illustré dans le passé en jouant le rôle d’Harry Palmer, un agent de contre espionnage. Avec son charme, sa classe anglaise et surtout ses fines petites moustaches, Finn McMissile nous rappelle également l’acteur anglais David Niven qui a interprété l’agent britannique dans la parodie « Casino Royale » de 1967.

Holley Shiftwell se fond également parfaitement dans le décor. Cultivée, raffinée, prête à prendre tous les risques pour mener à bien sa mission, elle a toutes les caractéristiques de la James Bond girl.

Mais au-delà de nos deux personnages agent secret, c’est un autre et peut être même le personnage principal qui nous rappelle les films d’espionnage : Martin. Comme le  maladroit Johnny English, le dépanneur se retrouve naïvement au cœur de l’intrigue principale. Pris par erreur pour un espion américain par les Britanniques, Martin la dépanneuse va jouer les Mr. Bean chez les agents secrets. Il sera en fin de compte le héros inattendu qui va permettre à McQueen&Co de sortir du piège tendu par Miles Axlerod. Martin parodie Johnny English qui lui-même parodiait … James Bond. Encore lui.

Si l’espion attire autant l’attention des producteurs, c’est parce qu’il fascine les foules. Au point de devenir une idole, un mythe. Par sa formidable longévité cinématographique, par ses impacts socio-culturels, il symbolise la culture populaire de masse faite pour durer.

Mais pourquoi alors la caricature de James Bond est-elle si présente dans l’histoire du septième art ? Amateur de femmes, de gadgets en tous genres et de grosses voitures, le personnage de James Bond est en lui-même une caricature, celui de l’homme moderne prévisible avec ses fantasmes les plus récurrents. La parodie et la copie sont alors plus simples. James Bond avec son permis de tuer est vendeur. Hier, aujourd’hui ou demain. C’est ce qu’a compris John Lasseter pour réaliser son film, qui mérite toutefois un petit coup de polish.

Lucas Emanuel