Retour sur l’engouement massif qui entoure actuellement le manga.

Shingeki No Kyojin ou SNK pour les intimes. Traduction française : « L’Attaque des Titans ». Derrière ce titre on trouve l’une des œuvres marquantes de cet hiver. Pour cause : la date de fin du manga, créé en septembre 2009, a été annoncée pour le 9 avril 2021. Dans le même temps, la dernière saison de l’adaptation animée est en cours de diffusion.

Il y a douze ans, le succès était presque immédiat pour l’œuvre écrite par Hajime Isayama. Dès 2013, l’adaptation en anime permet à l’œuvre d’exploser en popularité à l’international. En 2019, une fresque est réalisée au Madison Square Garden à New York, pour célébrer le tirage de 100 millions d’exemplaires au total, exploit que seuls 17 mangas ont accompli.

Popularité sans précédent pour la saison 4

Le succès à été tel que Wakanim, plateforme phare de la diffusion d’animes en simulcast (diffusion simultanée ou presque d’un contenu dans plusieurs pays, NDLR) n’a pas évité la panne le 6 décembre, date de sortie du premier épisode de la saison finale. Diffusion qui a battu tous ses records d’audiences. « C’était impossible de regarder les épisodes au moment de leur sortie, il fallait attendre plusieurs dizaines de minutes en général », témoigne Jérôme, fan de l’Attaque des Titans depuis plusieurs années.

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« Je regarde assez peu d’animes et pourtant j’ai vu plusieurs fois SNK en entier. Le scénario et surtout la manière dont les personnages sont développés est assez subtile. Ils ont tous des motivations complexes et ça permet de sortir du manichéisme : on comprend et on s’attache même aux antagonistes », explique Jérôme. Mais il est un peu plus mitigé au sujet de la dernière saison : « L’animation reste super jolie mais il y a parfois des scènes un peu plus brouillonnes que d’habitude ».

Ces problèmes d’animation, relevés par certains internautes, sont probablement liés au changement de studio, puisque c’est MAPPA qui réalise la dernière saison, remplaçant « Wit Studio ». Cela n’empêche pas la série de recevoir des critiques dithyrambiques, notamment sur le site « MyAnimeList » ( l’agrégateur de notes le plus populaire pour les mangas et animes, NDLR). La dernière saison reçoit d’ailleurs un score de 9.20 sur 10, au coude à coude avec l’anime le mieux noté du site, Fullmetal Alchemist : Brotherhood. Sur Senscritique, la note oscille entre 7.9 et 8.8, selon les saisons, et la série figure 3ème dans le « Top 100 des meilleurs animes japonais » du site.

Naissance d’un chef d’œuvre

Pour certains spectateurs, la popularité de l’œuvre est totalement justifiée. C’est le cas de Lucas, passionné d’animation, qui suit l’évolution de la série depuis 2015 : « Le manga est un peu plus posé, on prend son temps pour développer plusieurs émotions lors des scènes importantes. L’anime choisit, lors de l’adaptation, de moins détailler certains éléments d’intrigue pour se concentrer sur une seule émotion. On perd en subtilité mais on gagne en grandiose », explique-t-il.

Surtout, l’Attaque des Titans parvient à élever tous ses aspects à un très haut niveau : « Techniquement, c’est une claque. L’animation est très soignée et efficace, les musiques sont marquantes et accompagnent l’intensité de l’action. Surtout, SNK parvient à s’affranchir de certains codes et à explorer diverses ambiances », détaille Lucas. « Chaque partie a son atmosphère propre, on passe d’une sorte de série apocalyptique à une enquête policière puis au récit de guerre, en passant par une épopée épique. Les révélations scénaristiques élargissent le cadre et chacune d’entre elles bouleverse entièrement la compréhension du spectateur » .

Le plus grand atout de l’œuvre reste sa galerie de personnages. Chacun a droit à un développement et à un caractère complexe et nuancé, qui se dévoile subtilement et progressivement. Le choix d’avoir comme personnage principal un « anti-méchant », archétype peu exploité dans la fiction grand public, permet aussi de développer un propos moral loin du manichéisme d’autres séries. Reste à voir si la fin sera à la hauteur.

Simon Ansart-Polychronopoulos