© Vincent Giely

Dimanche 12 novembre, après l’appel conjoint de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du président du Sénat, Gérard Larcher, se tenaient des marches contre l’antisémitisme dans toute la France. Aix-en-Provence n’a pas fait exception à la règle.

Tous unis contre l’antisémitisme”. La phrase apparaît sur l’une des nombreuses pancartes qui trônent au-dessus de la foule, face à la fontaine de la Rotonde. Il y en a d’autres : “Je suis juif”, reprenant le slogan fait de noir et de blanc “Je suis Charlie”, ou encore “Heureux comme un juif en France ?”, “Triste comme un juif en France”.

Après l’expédition meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre – dont le bilan s’élève à 1200 morts – le nombre d’actes antijuifs dans le pays a explosé. Aujourd’hui, plus de 1000 actes antisémites ont été recensés en un seul petit mois par le ministère de l’Intérieur. Il est 15 heures. La formule : “L’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs, c’est l’affaire de tous” ouvre le rassemblement d’un millier de personnes selon les organisateurs. Pour Patrick, participer à un tel évènement est une évidence. Il voit d’un très mauvais œil le débat sur la présence (ou non) des formations politiques. Un sujet qu’il qualifie de “récupération”. Une récupération dangereuse selon lui, franchement pas au niveau de l’événement : “on souffle sur des braises qui ne demandent qu’à rougir”.

Des dizaines de ballons rouges en forme de cœur. Le portrait des otages et une inscription “Kidnappé(e)” au-dessus d’une photo. Leurs libérations sont sur toutes les lèvres. Ils sont près de 240 à être retenus dans la Bande de Gaza, pilonnée sans relâche par l’armée israélienne depuis l’attaque du Hamas.

Les discours des intervenants s’enchaînent. Anne-Laurence Petel, députée de la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône, n’aurait “jamais imaginé, aujourd’hui, organiser un tel événement”. La maire de la ville d’Aix-en-Provence, Sophie Joissains, prend la parole juste après elle. Un rare moment d’unité avec la parlementaire. Son écharpe tricolore à l’épaule, des lunettes sombres et d’un ton grave, Sophie Joissains évoque l’affaire Dreyfus, “J’accuse” d’Émile Zola et plaide pour un “rassemblement d’union nationale”, une “union transpartisane”. Derrière elle, une banderole noire et blanche : “Pour la République, contre l’antisémitisme”. Elle sera retirée après sa prise de parole.

Autour de la masse, un lourd dispositif policier. Près de quinze voitures des forces de l’ordre sont situées tout autour du rond-point. Dans le public, tout un panel d’organisations. Des drapeaux de la Ligue des droits de l’homme et de la fédération des Bouches-du-Rhône du Parti communiste français flottent au-dessus des têtes.

L’événement se conclut par l’intervention de Nicolas Sadoul, directeur de la fondation du Camp des Milles. Selon lui, la lutte contre l’antisémitisme passe avant tout par un travail de mémoire. Il est 16 heures et le soleil se cache derrière les nuages. Sur le chemin du retour, une voix ne peut s’empêcher de remarquer : ”N’empêche, c’était pas un meeting, mais c’en est devenu un …

Victor Giat et Vincent Giely