Édouard Paul-Cavallier et deux étudiantes du Magistère DJC

Depuis trois ans, Édouard Paul-Cavallier fait découvrir à des touristes venus des quatre coins du monde les secrets de la cité aixoise. Ce « passionné d’Aix-en-Provence », comme il aime se présenter, par ailleurs intervenant au Magistère DJC, propose une visite des plus beaux endroits du centre-ville avec bon nombre d’anecdotes.  

 

Ville aux 1 000 fontaines, avec ses calissons et Paul Cezanne, Aix-en-Provence ne semble avoir de secret pour personne. Vous seriez bien surpris de découvrir le contraire. Édouard Paul-Cavallier, guide touristique depuis trois ans, raconte avec le sourire ses anecdotes et connaissances sur la cité aixoise.  

À quelques pas de la statue Paul Cezanne, le Franco-américain se tourne vers la fameuse fontaine de la Rotonde. L’occasion de faire un point historique. Si Marseille est grecque, Aix est bien romaine. Fondée en 122 avant Jésus-Christ, la ville sera rattachée à la France seulement en 1486. Alors sur certains panneaux, vous aurez le plaisir de découvrir quelques mots en provençal. « C’est une langue devenue morte, plus personne ne la parle », souligne le guide. Cette majestueuse fontaine ouvre la porte au cours Mirabeau. La rue aujourd’hui piétonne fut créée au XVIIe siècle pour séparer la ville en deux. À droite, en direction de l’hôtel de Caumont, le prochain stop des touristes, vivaient autrefois les riches. L’autre côté du cours était destiné à la classe populaire. Rue Joseph Cabassol, les regards suivent le geste du guide en direction du ciel. « Savez-vous pourquoi les portes sont aussi grandes et larges ? », questionne-t-il. De telles portes étaient conçues pour faire rentrer les carrosses des familles les plus riches.  

« Comme vous l’avez remarqué, j’aime raconter des anecdotes autres que historiques », lance en souriant Édouard Paul-Cavallier. Il apprend à son audience, qu’au pied de la fontaine des Quatre dauphins se trouve l’ancienne maison d’Alain Delon.  

  

Sur les traces de Paul Cezanne 

C’est un artiste d’une toute autre époque que le guide évoque pour poursuivre son tour. N’avez-vous jamais remarqué que les trottoirs d’Aix-en-Provence étaient cloutés avec l’insigne de Cezanne ? Le peintre, ou le « Monet du Sud » fait aujourd’hui la fierté du territoire. Et Aix-en-Provence lui rend hommage. Suivez ce chemin et vous retracerez facilement la vie de l’artiste impressionniste. Premier arrêt au lycée Mignet, lieu de rencontre avec son futur meilleur ami, une autre figure du XIXe siècle : Émile Zola. Non loin, les clous de Cezanne conduisent là où il a réalisé ses premiers coups de pinceaux : le musée Granet.  

Rendez-vous devant le palais de justice. Aix-en-Provence est connue pour être la ville de la justice et du droit. « C’est de ce monument qu’elle tient sa réputation », argumente le guide en pointant le palais. À ses pieds, on peut découvrir des vestiges d’un palais comtois du XIIe siècle découvert 10 ans plus tôt. Pour les mettre en valeur, la ville a décidé de les rendre visibles pour les passants qui se baladent place des Cardeurs. Après une heure trente dans les rues de la ville, l’histoire se clôture devant la cathédrale Saint-Sauveur, qui a accueilli le mariage du peintre. Bâtie sur un ancien temple romain, elle est connue pour se composer de colonnes du Ve siècle. Édouard Paul-Cavallier termine son récit, gardant ce sourire qui a caractérisé sa visite. Sans oublier, avant de partir, de recommander quelques adresses culinaires pour découvrir la ville autrement.  

Aliénor Lefèvre  

  

 

Aix-en-Provence : la « ville du faux » ? 

Peut-on embellir la réalité d’une ville ? Celle que vous croyiez connaître, pourrait bien se révéler sous un jour inattendu. Voilà ce que l’on apprend grâce au Ted Air Tour. Commençons par la place des Prêcheurs, qui accueille chaque mardi et jeudi le marché des fruits et légumes, joliment ornée de centaines de fenêtres. Si vous rêvez d’appartements offrant une belle vue sur l’église Marie-Madeleine, sachez que douze fenêtres dans le décor sont des trompe-l’œil. Ces volets constamment ouverts sont placés un peu avant le passage Agar. Amusez-vous à les retrouver. Une escapade dans la cathédrale Saint-Sauveur révèle un autre raffinement : un faux orgue peint face à un vrai. Ce jeu visuel délicat invite à la réflexion, une harmonie étrange entre l’authenticité et l’illusion. 

Quartier Mazarin, le rond-point avec sa fontaine aux Quatre dauphins architecturaux porte fièrement en son sommet une pomme de pin. Vous vous demandez sûrement pourquoi, surtout qu’elle représente la mer… En réalité, le sommet de cette statue a été cassé trois fois. Au départ, il y avait saint Michel, ce qui n’a pas plu aux protestants. Vers le XVIe siècle, l’ange a fini en cendres. Ensuite, une fleur de lys, mais qui n’a pas résisté à la Révolution. Enfin, la croix de Malte, qui n’a pas tenu longtemps non plus. À la place de tout cela, c’est une pomme de pin qui a survécu aux années et qui se tient fièrement comme si elle avait toujours été là. 

La plus belle tromperie reste encore la splendide représentation du roi René. Une statue qui transcende la réalité, le décrivant grand, beau, et élégant, bien que le Bon Roi René fût en réalité plus modeste, petit et rondouillard. Aix-en-Provence serait-elle la ville du faux ? Car elle déploie ses mystères avec une élégance enchanteresse. Alors, parcourez ses rues pavées, ouvrez l’œil et émerveillez-vous. 

Emmanuelle Audibert

 

L’homme aux cinq vies 

Après avoir passé 18 ans à Paris, Edouard Paul-Cavallier a entrepris un changement radical en traversant l’Atlantique pour s’installer à Boston. Cinq ans d’études dans cette ville américaine ont façonné son parcours avant qu’il ne décide de poser ses valises en Californie, où il a entamé une carrière florissante dans les services financiers à San Diego. 

Le tournant dans sa vie survient lorsque sa sœur annonce sa grossesse, le rappelant à ses racines. En 2008, il quitte le monde de la finance pour plonger dans l’univers du numérique. Son expérience au sein d’une agence digitale, travaillant sur des comptes stratégiques internationaux, a été une étape stressante, mais formatrice. Cependant, ressentant le besoin d’un changement radical, sa femme et lui prennent une décision audacieuse : déménager dans le sud de la France, à Aix-en-Provence, en quête d’une vie plus paisible. Cette transition marque le début d’une nouvelle ère pour Edouard Paul-Cavallier qui décide de se consacrer à sa passion pour l’histoire. En 2019, il fonde Ted Aix Tours, une activité qui offre des visites guidées uniques en anglais ou en français. Grâce à ses origines familiales, ce passionné propose aux visiteurs une immersion complète dans la richesse culturelle d’Aix-en-Provence. Issu d’une mère américaine et d’un père français, il s’adapte à toutes les nationalités. Ted Aix Tours se distingue par des expériences variées, de la chasse au trésor d’Aix à la dégustation de produits du marché provençal, en passant par des visites gastronomiques. Edouard Paul-Cavallier fait vivre à ses visiteurs des moments inoubliables, partageant son amour pour la culture locale, l’histoire, les produits frais et le vin. 

Son entreprise connaît une croissance exponentielle, passant de quelques centaines de visiteurs à plus de 1 750 en 2023. Cette réussite témoigne de son talent à créer des expériences uniques et mémorables, tout en célébrant la beauté et la richesse du patrimoine aixois. En conjuguant son héritage franco-américain avec son amour pour la Provence, Edouard Paul-Cavallier est devenu un ambassadeur passionné de la ville, captivant les visiteurs du monde entier. On peut retrouver tous les jours ce guide débordant d’anecdotes, devant la célèbre statue de Paul Cezanne à partir de midi selon les activités choisies.  

Estelle Decaroli 

 

Aix-en-Provence : de l’eau, de l’art et de l’histoire  

Aix-en-Provence traverse les âges et les époques. Aquae Sextiae, est fondée par l’homme politique romain, Caius Sextius Calvinus, en 122 avant J.-C, sur les ruines de l’éphémère oppidum d’Entremont. Désormais, c’est un site archéologique de 3,5 hectares, situé à 3 kilomètres au nord de la ville. Mais auparavant, c’était la capitale des tribus celto-ligures, remplacée par un camp militaire pour soutenir Massilia – l’ancien nom de la ville de Marseille – et tenir en respect ses ennemis régionaux. Avant de devenir une cité à part entière. Ville thermale depuis l’Antiquité, Aix-en-Provence vit un profond bouleversement économique au XVe siècle. Elle doit beaucoup à René d’Anjou, le “bon roi René”, qui commence à ériger une cour de justice ainsi qu’un centre culturel. Autour d’une cour instruite, le monarque et roi titulaire de Sicile embellit la ville et marque de son nom la capitale historique de la Provence. Il disparaît en 1480. En 1486, le Comte de Provence et roi de France élit domicile à Aix-en-Provence. De l’union du comté de Provence avec le Royaume de France naît le très impopulaire Parlement de Provence, censé représenter le roi Louis XII. Les arrêts qui en émanent sont rendus en son nom.  

C’est aussi le lieu de réunions des États pour voter l’impôt. De l’aversion pour cette institution est né un dicton : “Parlement, mistral et Durance sont les trois fléaux de la Provence”. Aix-en-Provence reste un État indépendant jusqu’à la Révolution française. 

Au-dessus de la ville, la montagne Sainte-Victoire trône à mille mètres d’altitude. La muse de Paul Cezanne apparaît une centaine de fois sur ses toiles. Le nom du peintre est disséminé aux quatre coins du pays d’Aix. Après la Seconde Guerre mondiale, la ville grandit, des boulevards émergent : Jaurès, Briand, Roi-René, République, cours Sextius et cours Saint-Louis. La municipalité engage de grands déménagements. Les facultés de droit, des arts, des lettres, des langues et des sciences humaines sont repoussées à l’extérieur du centre historique. Même sort pour l’ancienne gare de la vieille ville, démolie pour y installer les Allées provençales, inaugurées en 2007. Aujourd’hui encore, les thermes font partie intégrante de la renommée de la ville. Finalement, Aix-en-Provence parcourt les siècles sans jamais déroger à sa réputation de ville d’eaux, ville d’arts. 

Victor Giat