De Sang et de Rage, quand la magie a un fond de racisme

Il y a trois émotions que Zélie, l’héroïne de ce roman, connaît bien : d’un côté la colère et la peur insufflées par les violences que subit sans arrêt son peuple, et de l’autre l’amour sans faille qu’elle porte à sa famille. C’est l’histoire d’une jeune femme qui manque de confiance en elle et qui va pourtant surmonter sa peur pour tenter de libérer son peuple opprimé par un roi tyrannique. Et pour cela elle doit ramener la magie dans son monde. Cet univers se démarque déjà de ce que vous avez pu lire en fantasy : oubliez le monde aux allures européennes et dites bonjour à une Afrique de l’Ouest fictive…sur fond de réalité. Si l’on parle certes de magie, le réel combat de ce livre est l’oppression subit par le peuple des Maji aux pouvoirs surnaturels, allégorie des violences subies par les populations noires aux États-Unis. L’autrice, Tomi Adeyemi, apporte un soin particulier aux émotions de ses trois protagonistes : la narration à la première personne permet au lecteur de se retrouver au plus près de ce qu’ils ressentent. Le fait qu’aucun des personnages ne soient parfait les rend crédibles et permet de s’y identifier. « De Sang et de Rage » nous touche par le feu qui l’anime et par l’originalité de son monde coloré et de ses mythes yorubas. La jeune autrice américano-nigériane signe là son premier roman mais aussi le premier volet d’une trilogie. Le tome suivant, « D’Ombre et de Vengeance » est paru en France en 2020.

M.G.

Vertical, la (mini)série ingénieuse

La promesse de narration « transmédia » est souvent utilisée à tort et à travers. Ce n’est pas le cas pour Vertical, série qui exploite les réseaux sociaux pour développer une fiction. Le concept est simple : deux personnages se rencontrent dans un ascenseur. Filmés en format vertical, les épisodes durent environ 2 minutes. La vie de Léo et Julia se dévoile peu à peu, de dialogue en dialogue, à travers les portes de cet espace métallique et exigu. Des tranches de vie captées par la caméra. Mais l’histoire ne s’arrête pas à la vidéo : on peut suivre les aventures des deux protagonistes à travers leurs différents réseaux sociaux. Via Instagram et Twitter, la fiction s’invite dans la réalité à travers des profils agrémentés de photos et tweets fictionnels. C’est là l’intelligence de la série : utiliser le « transmédia », ici les réseaux sociaux, pour approfondir une fiction « classique ». Et c’est plutôt réussi ! On se prend au jeu, les profils sont crédibles et suffisamment riches pour donner l’impression de « vrais comptes », et non de simples personnages. Une expérience singulière, et relativement courte. Aucune excuse pour ne pas rattraper les épisodes déjà sortis et aller visiter les réseaux sociaux de Léo et Julia !

S.A-P.