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C’est en avril 2020, pendant le confinement, que Noé a tilté. Il ne voulait pas rester spectateur : il est sorti et a aidé. 

Cheveux ébouriffés, jean usé et large sweat rouge. C’est avec un regard réprobateur que le jeune homme livre sa vision du monde. Cet étudiant de 22 ans originaire d’Angoulême ne s’ennuie jamais et regrette que le lundi rattrape si vite le dimanche. Mais ce ne fut pas toujours le cas. Après être resté seul pendant des semaines, l’étudiant en journalisme a pris conscience de ce qu’il lui manquait. « J’ai réalisé que j’avais besoin de me sentir utile et de mettre le temps dont je disposais à profit ». 

Commence alors le voyage associatif de Noé. C’est avec AADMIE, qu’il débute son périple. Cette association charentaise accompagne les mineurs étrangers dans l’accès à leur droit. « Je voulais avoir du contact et aider de manière concrète ». Il se remémore sa rencontre avec Mouhammed, un Guinéen analphabète. Forcés de communiquer virtuellement, leur première conversation marque les prémices d’une amitié particulière. Bien que la pandémie les prives d’échanges en chair et en os. C’est donc par Skype et au bout de 3 mois que Noé parvient à enseigner l’alphabet à son élève. « On l’a vu seulement en majuscule, les minuscules c’était une autre histoire » précise-t-il d’un air amusé. Donner de son temps et transmettre ses connaissances, cela devient son quotidien.

Le fils d’une famille qui tend la main

Né à Angoulême d’une mère Marseillaise et d’un père Charentais, il grandit dans une famille ancrée dans le milieu associatif et social. Médiation culturelle, insertion par l’emploi pour des personnes en situation de handicap, distribution de nourriture aux personnes sans domicile fixe, tant de domaines dans lesquels son frère et ses parents ont agi. Très engagé au sein d’Emmaüs Marseille, le grand-père de l’étudiant l’a énormément inspiré. C’est cet héritage familial qui oriente Noé sur les routes de l’engagement associatif. Cette éducation portée sur l’autre le pousse à entrer dans l’action. Il prend très rapidement conscience de son besoin d’agir et emprunte les pas des générations précédentes. 

Aujourd’hui, le jeune homme imagine son avenir dans un métier au contact des autres. La pédagogie, le soutien, l’apprentissage… en bref : « apporter quelque chose aux gens » . C’est fort de son expérience au sein d’AADMIE qu’il poursuit son engagement dans diverses associations comme : soupe de rue ou Emmaüs. Après être tombé amoureux de la région, il s’investit localement. Pour l’heure, cette volonté d’agir le pousse à participer aux manifestations contre la réforme des retraites. Il rappelle que son militantisme répond à l’idée qu’il se fait de l’avenir de son pays. « Ce n’est pas pour moi que j’agis, c’est pour les autres, car même si je ne pense pas être concerné directement par ce projet, il y a des gens qui vont en souffrir ». Révolté, il s’oppose catégoriquement à cette réforme. 

Le jeune homme rappelle qu’il ne trouve jamais assez de temps. « tout comme la semaine, j’aimerais allonger les journées ». Cela n’empêche pas Noé de façonner progressivement une arche qu’il entend emplir de dévouement et de rencontres. 

Eva Vassal