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Derrière leurs écrans, les étudiants en cinéma ont pu assister le vendredi 24 à la cérémonie des Césars. Honneur ultime ou formatage du cinéma, tous les cinéastes en herbe ne voient pas du même œil cet événement…

Les Césars récompensent-ils encore vraiment la qualité ? Certains jeunes cinéastes en doute. Bien que les Césars demeurent une institution du cinéma francophone, certains jeunes cinéastes n’admirent plus autant cette cérémonie. C’est notamment le cas de Tom  Béal et Charles Sabatier, élèves dans une école de réalisation cinématographique de Lyon. Et qui sont loin de sacraliser ce prix. « Les Césars sont loin d’être un objectif pour moi », explique Tom Béal pourtant passionné du 7ème art. « Ce n’est plus vraiment un événement intéressant pour la créativité et l’originalité du paysage cinématographique français. »

Malgré l’évidente distinction que représente le fait d’être lauréat des Césars, Charles Sabatier estime que cette a perdu de son intérêt. « Obtenir un César c’est forcément une grande fierté puisque c’est un prix historique, mais je ne pense pas que ce soit l’accomplissement ultime pour les métiers du cinéma en France. Un César reste un avis subjectif d’un juré. Ce n’est pas une validation objective de la part du public. Et les votes dépendent énormément des mœurs ou des thèmes abordés dans le film. »

Vers un formatage de ce qu’est le « bon cinéma français » ?

Si ces cinéastes de demain sont aussi critiques envers cette cérémonie, c’est surtout pour le rôle qu’elle joue dans le « lissage » du cinéma français selon eux. « Les films proposés doivent suivre les règles de bienséances. Et surtout ne pas aborder des thèmes dérangeants ou difficiles aux yeux de la pseudo-élite du monde cinématographique français. En tout cas si le but est de remporter des votes » regrette Charles Sabatier. 

Là où le cinéma permet avant tout de raconter les histoires mises sous silence ou les réalités cinglantes de notre société, qu’en reste-t-il, si seuls les films au contenu les plus lisses sont mis en avant ? « On voit toujours les mêmes têtes et c’est toujours les mêmes thèmes que l’on retrouve dans les films récompensés… » constate Tom Béal. 

Le cinéma indépendant a toujours été la source du renouvellement du grand écran, mais serait aujourd’hui mis de côté dans ces cérémonies, jugé trop transgressif. « Aujourd’hui, c’est surtout dans des festivals moins populaires qu’on peut retrouver un juré technique, avec un œil avant-gardiste sur le cinéma de demain. Les Césars sont dépassés. Cette cérémonie récompense la popularité et non la qualité » renchérit Charles Sabatier.

Cette année les Césars auraient pu offrir un peu d’espoir à ces jeunes cinéastes désabusés puisqu’ils ont su valoriser le cinéma indépendant. Notamment par le succès unanime de La Nuit du 12 qui a remporté 6 prix. Mais bien que ce film soit indépendant et que de nouveaux visages soient récompensés, ce n’est pas une révolution selon Tom Béal. « Sans parler de la qualité du film, ça reste un polar assez classique sans vraiment de message ou de thème inhabituel. Le réalisateur a saupoudré l’histoire de féminisme pour créer un semblant de profondeur mais ça reste extrêmement superflu. »

Finalement, mauvaise pioche encore durant la cérémonie pour ces jeunes passionnés. À leurs yeux, les Césars demeurent un événement dont l’objectif même, montrer l’essence du cinéma hexagonal, n’a pas fait la mise au point…

Mathis Aublin