Photo © Magistère DJC
 
Yves Klein a vécu plusieurs vies. D’abord professeur de judo, puis compositeur, il est finalement devenu peintre en 1955. Décédé en 1962 à l’âge de 34 ans, il a laissé ses œuvres à la postérité. L’hôtel de Caumont organise, du 28 octobre 2022 au 26 mars 2023, une rétrospective de son art. L’exposition met en avant l’évolution de l’artiste, qui a cherché, pendant toute sa carrière, à se différencier.

Moulages, musique, ou encore peintures, Yves Klein était éclectique. Issu d’une famille d’artistes, il a baigné dans cet univers depuis sa naissance en 1928. Sa mère était spécialisée dans l’art abstrait, et son père dans l’art figuratif. Pour autant, il n’a pas toujours envisagé ce choix de carrière. Il se rêvait officier de marine jusqu’à son échec au baccalauréat en 1944. Et même après s’être orienté vers l’art, il s’est détaché de l’héritage familial. Ses parents utilisaient le pinceau qu’Yves Klein considérait comme trop académique. Pour s’écarter de cet outil, l’artiste a notamment utilisé le rouleau afin de conserver une liberté dans sa manière de créer.

L’exposition commence avec « Pluie bleue ». On y voit des tiges bleues suspendues avec, au sol, un parterre de la même couleur. Avec cette réalisation, il cherchait à ce que la teinte elle-même devienne l’objet d’art.

                                                       

Pendant toute sa carrière, jusqu’en 1962, ce pigment reste récurrent. Même s’il ne l’a pas utilisé dans toutes ses créations, le bleu garde une place spéciale. C’est avec lui qu’il réalise ses premières peintures, les « Propositions monochromes », en 1955. Dans une interview réalisée en 1966, retransmise lors de l’exposition, son épouse expliquait : « Il a fait toutes les couleurs, mais c’est dans le bleu qu’il trouvait la sensibilité la plus riche. »

                                                    

Mais sa créativité ne s’est pas arrêtée là. Il a aussi beaucoup travaillé sur les nus. Peu importe la manière dont ils sont représentés, ils caractérisent la vie en elle-même. Le nu a déjà été peint et sculpté à de nombreuses reprises. Pour autant, Yves Klein va savoir se différencier dans sa manière de l’aborder. Alors qu’un de ses modèles l’observait en train de peindre des monochromes, il a l’idée de l’enduire de peinture. Elle devient l’œuvre d’art. Lors de l’exposition, plusieurs exemplaires de ces peintures, les « Anthropométries », sont mis en avant. Et notamment celle de son épouse, qui avait accepté de participer à l’une de ses œuvres en 1960.

                                                                               

Tout au long de sa carrière, il continuera d’innover, comme avec ses « Peintures de feu », où les modèles étaient éclairés à la bougie devant une toile. Vers la fin de sa vie, il s’essaie aussi au moulage, et en particulier ceux de ses proches. Une fois démoulés, les corps étaient recouverts de bleu. Sa femme expliquait, dans l’interview de 1966, que son mari cherchait à reproduire cette expérience sur lui-même.

Au cours de cette exposition, l’artiste est vu d’une manière différente. Dans le public, certains le connaissent pour son travail avec le bleu, mais n’avaient pas entendu parler de ses autres réalisations. « Je connaissais le bleu de Klein, mais avec cette exposition, on découvre autre chose. Par exemple, je n’étais pas familier de son travail avec la bougie, ou encore avec les modèles recouverts de peinture », confiait un visiteur d’une soixantaine d’années, venu seul.

Il reste cinq mois pour venir découvrir les œuvres de l’artiste.

 

Noémie Letellier