Le film de Just Philippot projeté à Cannes hors compétition dépeint les aventures de Selma et de ses parents divorcés, en proie aux catastrophes causées par des pluies dévastatrices. Le long métrage a reçu un accueil mitigé.

Le ciel gronde. Des nuages noirs se rassemblent au-dessus des têtes et forment un amas sombre et menaçant pour l’humanité. Quand l’eau touche le sol, elle ravage tout. Des cultures agricoles aux grands bâtiments civils. Mais surtout les habitudes et la vie plus ou moins tranquille des hommes et des femmes. Ça, c’est Acide, le deuxième long-métrage réalisé par Just Philippot après La Nuée, sorti en 2020. Comme son prédécesseur, Acide est présenté au festival de Cannes et prend la problématique du climat comme toile de fond. Le réalisateur livre un film catastrophe narrant les péripéties de Selma, 15 ans, et de ses parents divorcés, réunis malgré eux par le drame. La famille tente de survivre aux pluies acides dans la confusion générale.

Identification difficile

Là où le bât blesse, c’est dans le caractère trop simple des personnages. Selma subit. Elle subit le mépris des autres élèves et des professeurs de son collège. Elle subit les événements météorologiques sans jamais apporter de solution, voir aggrave la situation. Toujours cramponnée à un rôle victimaire parfois irritant, Selma semble être issue d’une vision réductrice de la nouvelle génération. Elle subit aussi les accès colériques de son père Michal, joué par Guillaume Canet, dans le rôle d’un ouvrier condamné par la justice après le passage à tabac de son patron. Il impose ses décisions et fait preuve d’un manque criant d’empathie, et malgré ses actes détestables, le scénario semble récompenser son comportement. Dans une scène, Michal s’interroge : l’eau du robinet est-elle potable ? Pour le vérifier, un chat assoiffé lui servira de cobaye avant de succomber quelques heures plus tard. Un choix artistique pessimiste, mais qui nuit à l’identification du spectateur qui se demande comment un personnage aussi immoral peut-il s’en sortir aussi souvent ?

Crédible

Est-ce que le film a plu à ses spectateurs ? Pas totalement. Quelques notes en guise d’illustration : 2,8/5 pour la communauté d’AlloCiné, et une moyenne de 3,2/5 sur 35 titres de presse nationaux. En somme, un accueil timide. Mais une mise en scène assez percutante pour arracher un sincère « J’espère qu’il ne pleut pas dehors ! » à un spectateur de la salle. Le désastre paraît donc crédible, 30 ans après la formation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les plans larges sur les plaines désolées ressemblent à des tableaux animés. Associés à la musique du compositeur Robin Coudert, c’est la force d’Acide : un film qui mise sur le spectacle. Le long-métrage reste captivant. À peine sorti de la projection devant le cinéma, quelques gouttes de pluies nous ramènent à la réalité. « J’ai senti l’eau sur ma peau et j’ai eu peur que ça soit de l’acide » réagissent même certains.

Victor Giat