Bancs incurvés, barres métalliques inclinées le long des bâtiments, cactus décoratifs… le mobilier « hostile » existe à Marseille et à Aix-en-Provence comme ailleurs. Depuis de nombreuses années déjà, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs Solidarité dénoncent ce qu’elles considèrent être des dispositifs « anti-SDF ».

« Pour éviter que les SDF ne s’abritent sous le porche à l’entrée du parking, la direction du magasin dans lequel je travaille a décidé de rajouter une grille pour leur interdire l’accès » témoigne Margot, jeune marseillaise. « Je peux comprendre que les commerçants aient peur que la présence de sans-abris fasse fuir leur clientèle, mais on devrait leur proposer des solutions décentes plutôt que de les chasser du centre-ville ». La position de Margot, c’est aussi celle que défend la Fondation Abbé Pierre ainsi qu’Emmaüs Solidarité.

Au travers de leur campagne #soyonshumains, les deux associations invitent les français à prendre en photo les éléments de mobilier urbain qu’ils voient dans leur ville puis à les poster sur Twitter, accompagnées de ce hashtag. L’an dernier, des bénévoles marseillais de la Fondation Abbé Pierre s’étaient d’ailleurs mobilisés dans le cadre de cette campagne. Équipés de pancartes arborant les mots « au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur plutôt un logement décent ailleurs », ils mettaient en évidence les dispositifs anti-SDF mis en place dans la cité phocéenne. Des dispositifs qui passent souvent inaperçus, comme l’explique Lucas : « Je sais qu’il existe du mobilier hostile à Marseille, mais je n’y fais pas vraiment attention, je ne le vois pas ». Une remarque pas si étonnante, puisque les aménagements – installés autant par des institutions privées que publiques – sont parfois très ingénieux.

Les internautes ont notamment dénoncé sur Twitter les fauteuils une place, comme il en existe autour de la Rotonde à Aix-en-Provence, et sur lesquels il est impossible de s’allonger pour se reposer. D’autres relèvent les galets qui recouvrent le sol à l’entrée des immeubles, rendant l’abri le plus inconfortable possible. Des éléments de mobilier urbains subtils, presque décoratifs, que recensent les internautes sur le site soyonshumains.fr. Une initiative citoyenne destinée à dénoncer mais aussi à sensibiliser la population face à une pauvreté que l’on cherche à cacher.

Maud GUILBEAULT