Rappelant l’affaire de la « taxe rose », c’est désormais le prix des protections périodiques qui fait polémique. Leur coût élevé peut poser problème. Même si les actions se multiplient, elles restent encore à la marge.
Entre 5 et 7€. C’est ce que représentent en moyenne les dépenses mensuelles d’une femme pour les protections hygiéniques. Un coût contesté, qui creuse un peu plus le fossé financier entre les deux sexes. « Certains hommes politiques ont beaucoup parlé de la baisse de 5 euros des allocations logement. Le coût des protections périodiques est une dépense tout aussi importante dans le budget d’une étudiante » avance Cassandre, elle-même étudiante de 21 ans. Un coût également critiqué du fait du manque d’alternatives laissées à la disposition de la gent féminine. Lara, étudiante de 22 ans, rappelle que ce sont des produits de première nécessité.
Si cela constitue une dépense non négligeable pour certaines, elle s’avère inaccessible pour d’autres. Il est extrêmement difficile pour les femmes sans abri de se procurer ces « ressources de luxe », premiers produits demandés dans les centres d’aide, selon Nadège Passereau, déléguée générale de l’association Agir pour la santé des femmes (ADSP).
Face au manque de réponse à l’échelle de l’Etat, le monde associatif se mobilise. C’est notamment le cas des Restos du cœur ou encore de l’ADSP qui distribue des kits sanitaires comprenant des protections périodiques. Mais c’est principalement l’association Règles Élémentaires qui tente d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la question. Elle est l’instigatrice des collectes de protections hygiéniques pour les femmes sans-abri ou en situation de mal-logement. En installant des « boîtes à dons » dans des lieux stratégiques comme des mairies ou des universités, l’association souhaite collecter des produits d’hygiène intime mais également sensibiliser. On en trouve notamment dans des villes comme Paris ou Lyon.
Briser un tabou
La générosité ne parvient pourtant pas à couvrir les besoins : plus de 50 000 femmes seraient dans l’incapacité de s’en procurer. Reste alors un objectif premier : briser le tabou sur les règles. « C’est parce que l’on en fait un sujet interdit que l’on n’arrive pas à bousculer les mentalités » indique Cassandre, porteuse d’un projet de collecte au sein de l’université d’Aix-Marseille. « En implantant une boite à dons au sein de la faculté, aux yeux de tous, même si les étudiants ne font pas de dons, ils en parleront ensemble et c’est tout aussi important ». Le projet, prévu pour le début d’année 2019 est encadré par le programme « égalité hommes-femmes » d’AMU. L’initiative a le soutien de l’association Règles Élémentaires. « Ils s’occupent de nous envoyer la boîte et de nous mettre en contact avec des associations qui redistribueront les dons » précise Lara, seconde partie-prenante au projet. Une nouvelle initiative pour changer les règles du jeux.
Jade Da Costa