Les « Journées de l’Eloquence » verront leur quatrième édition se tenir fin mai / début juin en ville. Leur cofondateur, Jérémie Cornu, revient sur les raisons qui motivent son travail et les perspectives qu’il voit pour le festival.
« J’ai toujours été passionné par la culture classique. » Assis de l’autre côté de la table, dans le bureau d’un appartement traditionnel du centre-ville d’Aix-en-Provence, Jérémie Cornu, 28 ans, raconte son parcours. Ancien étudiant en classe préparatoire à l’Institut Catholique de Paris, celui qui dirige désormais les Journées de l’Éloquence n’a pourtant pas découvert la « capitale de la Provence » par hasard : « Ma famille est originaire de la région, un peu plus à l’Est. Déjà lorsque je préparais mon concours, j’espérais intégrer l’IEP d’Aix. Non seulement pour renouer avec cet héritage familial, mais aussi car cette ville est d’une incroyable richesse culturelle. » Esquissant un sourire à travers sa barbe fournie, le jeune responsable développe posément en évoquant le Festival d’Art Lyrique, les diverses initiatives, … « J’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice. L’idée des Journées de l’Eloquence m’est venu à la suite du succès du concours inter Science-Po que nous avons organisé à Aix, affirme t-il ; Avec un ami, nous avons fondé ce festival pour partager notre amour, de la langue française en général et de l’éloquence en particulier. Nous voulons le rendre accessible au plus grand nombre, et non plus seulement au seul cadre universitaire. »
À travers des spectacles, mettant en scène des acteurs professionnels, donnant la parole à de jeunes auteurs et suscitant l’intérêt du public, les Journées de l’Éloquence en sont aujourd’hui à leur quatrième édition. Désormais, le volet festivalier englobe une partie du Pays d’Aix, avec le concours des communes de Vauvenargues, Châteauneuf-le-Rouge, Rousset, … Mais cette année, l’angle pédagogique connaît lui aussi une nouveauté : « Au-delà du travail que nous menons dans les établissements scolaires comme à Marseille, Gardanne, Pertuis ou la Ciotat, nous allons désormais à la rencontre des collégiens d’Aix-en-Provence. » Qu’ils soient du centre ou de quartiers périphériques comme le Jas de Bouffan. Toutes les trois semaines, les volontaires mettent en place des ateliers afin de sensibiliser à la puissance des mots et donner le goût de l’éloquence.
Dans ce cadre, les élèves sont invités à se pencher sur un cas emblématique de l’histoire de la justice française : l’affaire Louise Ménard, acquittée en 1898 après avoir dérobée du pain chez un boulanger pour nourrir ses enfants. « Avec les élèves du Jas de Bouffan et du collège du Sacré Cœur, nous allons reconstituer le procès en les invitant à jouer pour les uns l’accusation et pour les autres la défense. »
Ce travail de préparation, Jérémie Cornu y tient beaucoup : « Non seulement, cela leur permet de s’investir dans un travail de recherche les invitant à consulter les grands auteurs comme Victor Hugo et ses textes sur la Misère, mais en plus cela leur fait découvrir les vertus de l’Eloquence de manière concrète. »
Car pour ce diplômé de Science-Po, issu d’un quartier dit-prioritaire de Belleville dans le 20ème arrondissement de Paris, la culture classique est une richesse : « Le terme classique peut en rebuter certains, pourtant les thématiques traitées sont intemporelles. Elles sont empreintes d’une étonnante modernité et nous permettent de redécouvrir notre patrimoine culturel commun ».
Un objectif inspirant qui trace l’évolution et les perspectives du festival. Pour Jérémie, Aix-en-Provence a un rôle déterminant à jouer dans le travail et la mise en valeur de l’éloquence. « L’héritage de Mirabeau est encore bien vivant à Aix. Nous vivons dans une ville de robes, qui plus est tournée vers la Méditerranée. En 2050, le français sera la première langue parlée dans le Monde. Je pense que notre cité a un rôle à jouer non seulement vis-à-vis de l’éloquence, mais aussi plus généralement de la langue française. C’est la dimension que je veux donner à ces Journées afin de partager les beautés du maniement du Verbe et, qui sait, peut-être demain celles de la Plume. »
Elie Davy